Portrait n «Mourad Khan est une personne comme toutes les autres, simple et modeste ; il est ordinaire et issu d'un milieu populaire.» C'est ainsi que le comédien aime à se définir, en toute modestie. Très connu des téléspectateurs, Mourad Khan revêt une notoriété sans précédent grâce à L'Autre visage, une émission de caméra cachée qui passe à la télévision tout au long du ramadan, juste après el-iftar. Son rôle consiste à piéger ses invités avec beaucoup de talent et de malice. «Au moment où je constate chez mes victimes un risque de dépassement et d'emportement, je change de stratégie en tempérant le jeu pour revenir à la charge ; à aucun moment mes invités n'ont eu de soupçon», a-t-il expliqué. Tous ont mordu à l'hameçon. Mais avant d'être un «sacré piégeur», Mourad Khan est d'abord un comédien de tout temps animé par la passion de la comédie, qu'elle soit portée sur les planches ou à l'écran. L'essentiel, pour lui, est de jouer et de faire valoir son talent de comédien ; la caméra cachée lui a permis de saisir sa chance, puisqu'il est déjà sollicité par Hamadi, un metteur en scène, pour jouer dans une pièce ayant pour titre Point d'interrogation. «Très jeune, je voulais faire du théâtre ; c'est un monde que je voulais explorer parce qu'il me fascinait», a déclaré Mourad Khan. «Ma première expérience théâtrale remonte à 1976, lorsque j'étais jeune et membre des scouts ; c'était à ce moment-là que je voulais faire du théâtre, mais comme je n'ai pas eu le bac, j'ai vu mon rêve s'envoler», a-t-il déploré. En dépit de cela, Mourad Khan ne désespère pas ; il continue de croire en sa bonne étoile : en attendant que la vie lui sourie, il s'initie à la comédie et donc à l'art dramatique. «La rue était – et est – mon école. Elle m'a appris beaucoup de choses», a-t-il indiqué. Pour lui, la rue est l'école de l'immédiat et du spontané, on y apprend sur le vif et d'une manière constructive. «Ce sont les expériences (bonnes ou mauvaises) cumulées au fil des jours qui m'ont permis de construire une personnalité et d'avoir un certain rapport avec autrui», a-t-il souligné. Ce qui l'a encouragé à y croire, c'est bien son admiration pour des comédiens comme Boubagra, Rouiched, Mohamed Touri, l'inspecteur Tahar… qui ont appris leur métier sur le tas et qui, grâce aux expériences de la vie, sont devenus les figures de proue du cinéma et du théâtre algériens. Mourad Khan ne désespère pas. Il finit par décrocher des rôles ou des figurations dans des films, comme Un toit, une famille, Bab El-Oued City, l'Autre monde, Bab El-Web. Mourad Khan a également campé un rôle dans la fameuse émission qui a révolutionné la télévision algérienne au lendemain des événements d'octobre 1988, à savoir Qabça Chema. Il a joué récemment dans deux courts métrages, Mort avant la mort et Babel. L'année dernière, Belkacem Hadjadj a fait appel à lui pour animer Hagda ouala k'tar, une caméra cachée diffusée pendant le mois sacré. Pour Mourad Khan, toute cette aventure, qui se conjugue au pluriel, n'est qu'une multitude d'expériences, une richesse humaine et artistique.