Dans son Discours sur l'histoire universelle, Ibn Khaldoun écrit, à propos de l'oniromancie : «L'oniromancie nous est venue des premiers musulmans. Parmi eux, l'un des plus fameux spécialistes en ce domaine était Mohamed Ibn Sirîn, inspirateur de certaines règles d'interprétation des rêves qui nous sont parvenues aujourd'hui.» Ces phrases, écrites au XVe siècle, sont toujours d'actualité : Ibn Sirîn est le plus grand oniromancien musulman de tous les temps, et même, à cause de son audience dans le monde arabe et musulman, l'un des plus grands du monde. Pourtant, cette réputation n'a pas toujours été retenue par les premiers auteurs. Ainsi, Ibn Saâd, dans sa biographie d'une quinzaine de pages consacrée à Ibn Sirîn, parle du muhadith, transmetteur de hadiths, la Tradition du Prophète, et pas de l'onirocrite. Cependant, Al-Djahidh, dans son Livre des animaux (Kitab al-hayawân) cite, à propos des animaux dans les rêves, quelques interprétations d'Ibn Sirîn. Les auteurs ultérieurs le citeront plus abondamment et A-Yafi'î écrira que Ibn Sirîn est «l'imam des interprètes de rêves (imam al-mu'âbirîn). Des interprétations sont citées dans de nombreux ouvrages. Même après la traduction en arabe de l'ouvrage du Grec Artémidore d'Ephèse, au IXe siècle, la popularité d'Ibn Sirîn ne diminuera pas. D'ailleurs son succès est tel que de nombreux ouvrages, jusque de nos jours, lui seront attribués. Les éditeurs modernes entretiendront la confusion, le nom d'Ibn Sirîn faisant mieux vendre les ouvrages.