Violences n Un an après les émeutes qui ont ébranlé la France, les autorités craignent encore l'embrasement des banlieues. Le «dispositif» des forces de l'ordre, composé de 4 000 policiers supplémentaires, sera «discret, mais réactif et efficace», a précisé la direction de la police confirmant les consignes qui leur ont été données par les autorités afin de réagir face à d'éventuels incidents et violences à la date du premier anniversaire des émeutes de 2005. Hier soir, non loin de Clichy, deux nouvelles attaques d'autobus dont l'une à main armée ont eu lieu. Deux individus encagoulés ont attaqué à main armée un autobus et l'ont incendié après avoir fait descendre la quinzaine de passagers et le chauffeur devant la gare du Blanc-Mesnil. Même scénario mais sans arme apparente un peu plus tard contre un autre autobus de la ville. Après plusieurs incidents ces derniers jours dans la banlieue entre forces de l'ordre et jeunes des cités, la tension était déjà montée d'un cran dans la nuit de mercredi à jeudi derniers avec l'assaut spectaculaire mené contre un autobus par une bande encagoulée, dont au moins cinq membres étaient armés. Au total, six autobus ont été incendiés en France en quarante-huit heures, dont cinq dans la région parisienne. Dans la journée, élus locaux et habitants de ces quartiers défavorisés ont tenu à marquer cette date anniversaire par une marche silencieuse de plus d'un millier de personnes à Clichy-sous-Bois, au nord-est de Paris, en mémoire des deux adolescents dont la mort, le 27 octobre 2005, avait déclenché trois semaines de violences exceptionnelles. Le maire socialiste de Clichy, Claude Dilain sollicitera : «Il faut que le calme, la dignité, le courage qui règnent ici persistent.» De son côté, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, candidat probable de la droite pour l'élection présidentielle de 2007, en déplacement dans le sud de la France, a estimé qu'il n'y avait «pas d'anniversaire» à célébrer. Pour sa part, le Premier ministre, Dominique de Villepin, tout en affichant sa fermeté, et en exigeant des «sanctions exemplaires» contre les auteurs des violences enregistrées ces derniers jours, a affirmé, jeudi dernier, que «s'il y a bien un domaine dans lequel le gouvernement a agi avec une détermination sans faille, c'est bien la politique en faveur des quartiers». Par ailleurs, dans une note récente révélée par la presse, les services de renseignement estimaient que «la plupart des conditions qui ont amené, il y a un an, un déclenchement de la violence collective sur une grande partie du territoire sont toujours réunies», à savoir la discrimination et le chômage. Selon un sondage publié hier, 59 % des maires français jugent probable que des émeutes se produisent à nouveau dans les mois qui viennent dans les banlieues. Ces dernières sont devenues le thème incontournable de la campagne pour la prochaine présidentielle en France.