Risques n Des affrontements entre jeunes et policiers ont secoué pour la deuxième soirée consécutive la banlieue parisienne. Au total, 63 voitures et 5 bâtiments ont été incendiés dans six communes proches de Paris, où trente policiers ont été blessés, lors de violences semblant être les plus sérieuses depuis les émeutes de 2005. Selon la police, qui a jugé la situation pire que la nuit précédente, soixante-quatre policiers ont été blessés par des tirs de grenailles ou des jets de projectiles. A Villiers-le-Bel à une vingtaine de kilomètres de Paris près d'une centaine de jeunes encagoulés, certains munis de cocktail Molotov, ont jeté des projectiles sur les policiers anti-émeutes qui ont répliqué à coups de flashball et de gaz lacrymogène. Les jeunes ont affronté les policiers, dont quarante ont été blessés, selon la justice. Un commissaire avait notamment été frappé à coups de barre de fer au visage et à la poitrine. Ces affrontements interviennent au lendemain de la mort de deux adolescents dans une collision entre leur minimoto et un véhicule de police à Villiers-Le-Bel. Des policiers et des responsables locaux ont souligné que ces nouvelles violences témoignaient de la fragilité de la situation dans certaines banlieues, théâtre, il y a deux ans, d'émeutes sans précédent déclenchées par la mort accidentelle de deux adolescents qui fuyaient la police. Le président Nicolas Sarkozy avait, face à cette situation, appelé au calme depuis la Chine où il était en visite d'Etat. Il faut «que chacun s'apaise et qu'on laisse la justice déterminer les responsabilités des uns et des autres», avait dit Sarkozy. La justice a évoqué de «véritables émeutes», et a confié une enquête à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la «police des polices», sur les circonstances de l'accident. Selon le procureur de la ville de Givry, trois témoins ont confirmé la version des policiers qui disent avoir été percutés par la moto des deux adolescents. «Tout a été fait pour tenter de les sauver», a-t-elle affirmé. Le frère d'un des adolescents avait notamment accusé les policiers de non-assistance à personne en danger pour n'être «pas restés sur les lieux» après la collision. Les familles des deux adolescents ont demandé ensuite que «justice soit faite, dans le calme et la sérénité». Afin de conjurer l'embrasement, les avocats des familles ont annoncé qu'ils allaient demander l'ouverture d'une information judiciaire. Un syndicat de police a estimé, hier, lundi que «les braises couvent sous les cendres» depuis 2005 et que la police ne pouvait, «à elle seule, répondre aux causes sociales de la situation dans les quartiers sensibles». A l'automne 2005, trois semaines d'émeutes avaient secoué les banlieues défavorisées à forte population originaire d'Afrique subsaharienne et du Maghreb, où le taux de chômage des jeunes atteint parfois jusqu'à 50%, forçant le gouvernement à décréter l'état d'urgence. Des centaines de personnes avaient été blessées et plus de10 000 véhicules et quelque 300 bâtiments avaient été incendiés.