Une autre fonction du rêve est de compenser les désirs qu'on n'a pu réaliser à l'état de veille : c'est le malade qui se voit mangeant des aliments auxquels il n'a pas droit, c'est le fumeur qui a arrêté de fumer qui se voit une cigarette aux lèvres, c'est le jeune homme éconduit qui se voit avec l'élue de son cœur... Ce sont aussi les rêves sexuels, fréquents chez les adolescents. Le rêve permet la réalisation de tous ces désirs, ce qui permet de réduire les tensions que le manque ou la privation peuvent provoquer chez l'individu. Les onirocrites musulmans appellent ce genre de rêves, «rêves confus». Il s'agit des rêves inspirés soit par les désirs et les passions de l'âme, soit par les troubles qui atteignent le corps. Ce sont les rêves de l'homme ordinaire, dominé par les préoccupations de la vie matérielle. Mais le rêve ne se contente pas de faire un bilan ou de compenser, il dit également : il explique une position, il annonce un danger, il met en garde, toujours dans un langage codé qu'il faut déchiffrer. Cette fonction, que la psychanalyse a eu tendance à évacuer, a dominé pendant des siècles l'interprétation des rêves, et revient aujourd'hui dans beaucoup de travaux. Les recherches sur les rêves prémonitoires et les rêves télépathiques, que nous avons évoquées, dans les précédents articles, montrent que l'esprit du rêveur peut être soumis à des influences extérieures. Si les traditions religieuses parlent de messages venant de Dieu, les auteurs contemporains hésitent à définir cette force mystérieuse qui guide les rêves, avertissant d'un danger, annonçant l'avenir...