Sentiment n Les 152 familles de ce centre de transit n'arrivent toujours pas à comprendre pourquoi elles n'ont pas été relogées. «Notre vie est faite de souffrances, cette situation dure depuis des années sans que les autorités daignent faire quelque chose pour nous soulager un tant soit peu.» «On ne demande pas la lune, juste un toit.» «Les 400 familles du bidonville de Boumzar ont bénéficié de logements en juillet dernier, mais pas nous qui sommes pourtant de loin moins nombreuses.» «Les autorités peuvent bien nous reloger dans les chalets vides qui se trouvent à quelque 500 mètres d'ici.» Ces avis recueillis auprès des habitants du centre traduisent parfaitement leur sentiment d'être abandonnés, ignorés, méprisés. «On ne se souvient de nous qu'à l'occasion des élections», affirme Rabah, la cinquantaine largement entamée. «On nous fait des promesses sans lendemain», renchérit Ryad. Constitués en collectif, ils se sont présentés récemment à la daïra d'El-Harrach pour une entrevue avec le wali délégué, «ce dernier a catégoriquement refusé de nous recevoir sous prétexte qu'il n'a aucune solution à nous proposer», selon nos interlocuteurs, qui tiennent à signaler qu'ils sont «des Harrachis de père en fils». «Vérifiez vous-même, je suis bien né à El-Harrach en 1939», nous lance âmmi Mohamed en nous tendant deux cartes : l'une d'identité et l'autre de moudjahid. Et d'ajouter : «Même ceux qui ne sont pas originaires d'El-Harrach ouvrent droit à un toit, car après tout, ce sont des Algériens.» «Pourquoi nous ignore-t-on de la sorte ? Pourquoi ne veut-on rien faire pour nous mettre à l'abri des maladies et des dangers qui nous guettent jour et nuit ? Je suis veuve de chahid et je vis ici depuis quelques années. Jamais de ma vie je n'ai bénéficié d'un logement. Si c'était le cas, vous ne m'auriez pas trouvée ici en train de souffrir chaque jour que Dieu fait», dit, de son côté, une femme d'un certain âge enveloppée d'un haïk. A vrai dire, tout ici renseigne sur les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles vivent ces familles. Ces conditions de vie ont été à l'origine de la mort de plusieurs personnes, selon les habitants. «7 à 8 décès ont été enregistrés ces derniers temps, ici, la plupart des victimes souffraient de maladies chroniques», indique l'un des représentants. Pour sa part, une mère de famille révèle que ses voisins, un homme et sa femme, sont morts récemment «après avoir longtemps souffert de maladies qu'ils ont attrapées ici». Et de signaler que leurs jeunes enfants ont été heureusement pris en charge par leurs proches.