Mémoire n La Bibliothèque nationale a abrité, hier, un colloque international sur l'intellectuel et penseur Jacques Derrida. «Deux années après la disparition de Jacques Derrida, l'Algérie, son pays natal, lui rend un hommage mérité», a déclaré Amin Zaoui, directeur de la Bibliothèque, ajoutant que ce colloque a pour but de rappeler les racines algériennes du philosophe, de parler de sa pensée et de voir pourquoi et comment elle est plus que jamais d'actualité. Il a d'ailleurs dit que«la pensée de Jacques Derrida a une importance actuelle». Ainsi, ce colloque est placé sous le générique de «Sur les traces de Jacques Derrida». «Revenir sur les traces du philosophe, suivre l'itinéraire et le cheminement de sa pensée, c'est là l'objectif de ce colloque», a-t-il dit. Et de poursuivre : «Nous cherchons, en examinant sa pensée qui continue d'inspirer le monde, l'homme, à poser les questions qui agitent les sociétés d'aujourd'hui.» Et de conclure : «La pensée de Jacques Derrida refuse les amalgames et les réflexions stériles et prône le dialogue et le rapprochement.» Mustapha Cherif, philosophe et universitaire algérien, a déclaré, pour sa part, que «ce colloque est placé sous le sceau de la philosophie et de la connaissance universelle». «C'est un ami, un allié, c'est notre altérité. C'est un absent-présent, il est parmi nous», a-t-il poursuivi, soulignant que «Jacques Derrida, qui faisait face à l'incertitude et à la désignification du monde, a appréhendé la question de la différence, de la proximité, et de l'hospitalité.» Mustapha Cherif, qui a connu Jacques Derrida, a relevé l'attachement du penseur à sa terre natale, qu'est l'Algérie. «Jacques Derrida, qui se disait Algérien, a partagé la douleur du peuple algérien pendant la colonisation ; il s'était fermement opposé à l'indigénat.» Selon l'orateur, Jacques Derrida reconnaissait ouvertement ses origines algériennes. Il disait : «L'héritage algérien a inspiré ma pensée et ma philosophie (…) Ma philosophie ne serait pas ainsi si je n'étais pas Algérien.» Jean-Luc Nancy, philosophe et universitaire français, a, d'ailleurs, dit, à cet effet, que l'indépendance de l'Algérie signifie l'indépendance de sa pensée, c'est-à-dire qu'elle lui a permis de s'orienter sur des voies nouvelles. Ainsi, l'Algérie qu'il considérait comme sa muse constitue, pour lui, une généalogie qui, durant toute sa vie, irrigua sa réflexion. Dans son intervention, Marguerite Derrida, psychanalyste et veuve de Jacques Derrida, a, de son côté, évoqué l'attachement de son époux à cette Algérie qu'il aimait tant et à qui il pensait. C'est un pays, selon elle, qu'il n'a pas oublié et qui habitait continuellement ses pensées. Enfin, tous les intervenants présents à ce colloque ont salué le mérite de Jacques Derrida ainsi que son combat pour la réorganisation du monde pour plus de droit. «Il parle pour abolir les frontières et surmonter les obstacles», ont-ils indiqué, disant que «le philosophe, témoin inlassable contre les hégémonies, martelait la pluralité et l'hétérogénéité. Il consommait cela comme un acte de foi.»