Le colloque international sur le philosophe français Jacques Derrida, s'est clos dimanche dernier après deux jours de débats, de conférences, et de lecture de textes du défunt philosophe à la Bibliothèque nationale du Hamma. Plusieurs personnalités du monde de la culture et de la littérature se sont déplacées qui des pays arabes, qui des pays de l'Amérique latine, qui des pays de l'Europe à ce rendez-vous, placé sous le thème, “ Sur les traces de Jacques Derrida ”. La clôture de ce rendez-vous culturel de haute facture s'est effectuée par une visite dans la wilaya de Tipasa. Visite-symbole et hommage pour ce natif d'El Biar (Alger) qui venait régulièrement se baigner sur les plages de cette ville historique. Après Tipaza, les participants se sont rendus en fin d'après midi, à Koléa, ville où le brillant philosophe du XXème siècle a effectué, fin des années 50 son service militaire. C'était exactement entre 1957- 59 que le militaire a demandé d'être affecté à un poste d'enseignant dans une école d'enfants de troupe (Koléa, près d'Alger). Pendant plus de deux ans, soldat de deuxième classe en vêtement civil, il enseigne le français et l'anglais à de jeunes Algériens ou Français d'Algérie. C'était en pleine guerre d'Algérie, et le futur philosophe évoluait avec Marguerite et ses amis Bianco dans une villa de Koléa. Il enseignait dans une école privée et traduisait, en même temps, des articles de presse. Derrida était très proche du linguiste Pierre Bourdieu, qu'il rencontrait souvent à Alger. Ses positions politiques vis à vis de l'indépendance de l'Algérie étaient claires : Il a toujours condamné la politique coloniale de la France en Algérie mais a espéré, jusqu'au dernier moment, en 1962, qu'une forme d'indépendance serait inventée qui rendrait possible la cohabitation avec les Français d'Algérie. Rencontrée en marge des travaux, la psychanalyste Marguerite Derrida, veuve du philosophe, a confié à l'APS avoir été “ très touchée par l'accueil qui lui est réservé et très émue pour trouver les mots qu'il faut ” tout en souhaitant que cette rencontre se poursuive et que “ des liens plus forts soient établis entre les élites des deux pays ”. De son côté, Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale et l'un des initiateurs de ce rendez-vous, s'est félicité du déroulement de ce colloque qui a permis, a-t-il dit, de “rapatrier l'intelligence algérienne et de jeter des ponts entre les intellectuels des deux pays ”. Après la visite effectuée durant la matinée aux deux maisons où a vécu Derrida, le directeur de la BN a annoncé la mise en place prochaine d'un mémorial en hommage au philosophe. Le philosophe, né à El Biar le 15 juillet 1930, est décédé en 2004 à l'âge de 74 ans des suites d'une maladie. Il était connu pour avoir introduit le concept de “ déconstruction ” qui débordera par son succès, surtout auprès de la communauté intellectuelle des Etats-Unis pour atteindre d'autres formes d'expression telle la peinture, la littérature, la psychanalyse etc…Auteur de 80 ouvrages dont l'essai sur le philosophe anglais John L.Austin et sa théorie des actes de langage qui lui valurent d'être taxé d'auteur des contrevérités, Jacques Derrida connaîtra la plus grande audience aux USA où il fut professeur distingué de philosophie, de français, et de littérature comparée à l'université de Californie à Iryine (UCI) à partir de 1986. Son œuvre, reconnue dans le monde entier, est considérée comme une composante essentielle de la philosophie moderne.