Les pratiques protégées semblent être au cœur des débats chez cette catégorie de la population où, bien qu'elle soit convaincue de son importance, son application reste bien en deçà de ce qui devrait se faire. Aléatoire, le préservatif répond, aujourd'hui, à des interprétations sociales diversifiées dans le milieu de la prostitution. Cette approche est confortée par la lecture des experts ayant contribué à la réalisation du travail de recherche sur le rapport entre le sida et la prostitution en Algérie. L'usage du préservatif est avant tout social. Selon eux, «il dépend des types de clients, des lieux de la prostitution, de la relation construite par les travailleuses du sexe avec une catégorie d'entre eux, de la disponibilité et de sa reconnaissance sociale ou non dans la société». Ils ajoutent que cet usage «dépend aussi, particulièrement dans une société où les rapports de domination de sexe sont très marqués, d'une catégorie de clients qui préfèrent s'en passer par goût du risque, par absence du plaisir sexuel ou d'information ou enfin par une valorisation de leur virilité qui les pousse à s'imaginer qu'une femme ne peut les contaminer». En somme, nombreuses sont les ambiguïtés qui entourent l'usage de cette forme de protection. L'argent, les rapports de domination masculine, les privilèges des «habitués», la concurrence entre les travailleuses du sexe, la qualité et la disponibilité de ce moyen de protection figurent, selon les enquêteurs, parmi les principales contraintes.