Particularité n Il est important de signaler que les travailleuses du sexe, en Algérie, semblent plutôt privilégier les relations personnalisées pour se soigner. Il y a environ 20 ans, 80% des personnes contaminées par le VIH étaient de sexe masculin contre 20% de sexe féminin ; désormais, le taux s'est équilibré entre les deux. Depuis quelques années, la transmission du virus par voie hétérosexuelle est, en effet, devenue la plus fréquente. D'autant que le recours aux protections est aléatoire. La complexité des rapports dans le travail du sexe explique, selon l'étude comportementale sur le sida et la prostitution, la difficulté à comprendre les différentes logiques sociales exprimées à l'égard des pratiques protégées. Le refus et le rejet de toute forme de protection dans ce milieu révèlent, d'une part, le manque de sensibilisation, et d'autre part, l'inefficacité des quelques campagnes de prévention initiées jusque-là en faveur de cette catégorie de la population. C'est pourquoi, devant ce constat contrariant, les enquêteurs recommandent une implication forte et concrète de tous les agents sociaux pour tenter de contenir la contamination, la maladie et tous les risques majeurs que peut entraîner cette catégorie sociale. Les prostituées rencontrées lors de ce travail d'investigation par l'association Aids Algérie affirment, dans leur grande majorité, avoir été conseillées par des amis ou des voisines qui exercent dans le secteur médical de consulter, régulièrement, un spécialiste pour détecter précocement toute anomalie ayant un rapport avec cette maladie. Il est toutefois important de signaler que les travailleuses du sexe, en Algérie, semblent plutôt privilégier les relations personnalisées pour se faire soigner. «L'hôpital est considéré comme une institution anonyme», précisent les enquêteurs, qui estiment que la peur est omniprésente chez ces femmes face au risque du sida. Les résultats de l'enquête montrent bien les difficultés d'appréhender les risques du sida face aux incertitudes multiples qu'elles ne peuvent maîtriser totalement. Ainsi, le doute persiste malgré les précautions et les visites régulières chez les professionnels de santé. Certaines n'hésitent pas à dépenser beaucoup d'argent pour les analyses et les différents examens complémentaires. Cependant, il est inutile, selon les experts, «de stigmatiser les travailleuses du sexe comme étant à l'origine du risque du sida quand il devient à leurs yeux, et pour la majorité d'entre elles, un problème personnel grave». Il s'agit, pour eux, d'un enjeu sanitaire qu'il est important de prendre rapidement en charge.