Il serait injuste et inutile, estiment les spécialistes, de stigmatiser les travailleuses du sexe comme étant à l'origine du risque du sida. Il s'agit plutôt, pour eux, d'un enjeu sanitaire qu'il est important de prendre rapidement en charge. Parce que l'épidémie du sida touche de plus en plus les prostituées, l'association Aids Algérie s'est investie dans un travail de recherche, étroitement lié à cette catégorie. En aparté, avec les enquêteurs, les travailleuses du sexe parlent de la sexualité, de la prévention et de leurs souffrances. Le sida reste, néanmoins, au cœur de leurs propos. Elles abordent la question avec précision, jusqu'à évoquer même sa chronicité. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les travailleuses du sexe ne sont pas en marge de l'évolution de cette épidémie en Algérie. Les résultats de l'enquête réalisée par cette association, avec la participation d'experts nationaux et internationaux sont, d'ailleurs, plus qu'illustratifs. Face aux pratiques protégées, l'enquête montre bien les ambiguïtés et les rejets de certains clients de l'usage du préservatif. Ce mode de protection, connu par les travailleurs du sexe, est utilisé de façon sélective et aléatoire, précisent les enquêteurs. Les raisons évoquées, selon eux, sont diverses et multiples à savoir : le chantage et l'imposition par la médiation de l'argent, le statut important de certains clients, la concurrence déloyale entre travailleurs du sexe, la confiance nouée avec les habitués et le stigmate encore prégnant du préservatif non reconnu socialement comme un moyen de prévention.