Inhabituelle Vendredi 9h30, marché Clauzel en plein c?ur de la capitale. Une certaine effervescence semble s'emparer de ce souk. Comme à l'accoutumée à l?approche de chaque période de jeûne, une foule nombreuse arpente ses allées. Pour la circonstance, les étals sont bien achalandés et bien approvisionnés, rien ne manque. Les nombreux commerçants n?ont rien laissé au hasard et n?ont oublié aucun des produits alimentaires les plus demandés durant ce mois sacré. Du vendeur de légumes, en passant par le marchand de fruits, jusqu?au boucher et au marchand de volaille, l'approvisionnement est très satisfaisant. Le hic, ce sont les prix, qui eux, ont flambé d?un coup. Les citoyens sillonnant les allées du même marché ont tous constaté une hausse de tous les produits de grande consommation, à l?image de la courgette, de la tomate, de la pomme de terre, des oignons, des navets, de la viande et du poulet. La courgette est affichée au prix de 76 DA/ kg, la tomate est passée de 35 à 60 DA alors que la pomme de terre est vendue entre 35 et 48 DA le kilo. Les citoyens sont stupéfaits devant cette mercuriale «en folie» relevant surtout l?envolée importante des prix de la viande, puisqu?en quelques mois, le kilo d?agneau est passé quasiment du simple au double (de 450 à 610 DA), alors que le prix du poulet a atteint 280 DA le kilogramme. De l?avis de nombreuses personnes rencontrées dans ce marché, «les produits ne manquent pas, mais la loi de l?offre et de la demande est caduque». «Pis, accuse un vieux , la soixantaine, portant un couffin presque vide, le ramadan est devenu le mois de tous les abus. C?est du jamais-vu dans un pays musulman.» «Le ramadan représente la rahma ; au lieu de perpétuer les valeurs de la solidarité dans ce mois béni, on en profite au maximum pour se faire de l?argent», ajoute-t-il, rappelant avec nostalgie la belle époque lorsqu?il entrait chez lui le panier plein de fruits et légumes de première qualité et à des prix très raisonnables. Aux marchés Ferhat-Boussaâd (ex-Meissonier), de la Lyre (Basse Casbah) et Nelson de Bab El-Oued dits marchés des «zaoualia» dans le temps, hommes, femmes, vieux et vieilles constatent également avec beaucoup d?amertume cette flambée des prix. En effet, à 2 ou 3 DA près, les mêmes prix sont affichés sur les étals des différents marchands. La courgette est affichée entre 77 et 80 DA, la tomate en est à 64 DA le kilo alors que le prix du poulet et de la viande rouge est respectivement de 280 et 620 DA le kilogramme. «On dirait que les commerçants n'attendent que cette occasion où les ménages sont tiraillés par la multiplicité des dépenses pour dicter leur loi en imposant les prix qu'ils veulent», résume un père de famille, occupé à faire ses provisions dans l'enceinte grouillante du marché Nelson de Bab El-Oued. La loi de l'offre et de la demande est de nouveau inopérante à la veille du ramadan : il y a une forte offre de produits dans les marchés sans pour autant qu'il y ait une quelconque baisse des prix.