Rien ne semblait disposer à pareil destin ce métis issu de sang noir, blanc et indien, né le 28 juillet 1954 à Sabaneta dans l'Etat de Barinas, vaste région de plaines au centre du pays. Elevé par sa grand-mère, ce fils d'un modeste enseignant s'engage à 17 ans à l'Académie militaire de Caracas où se forgent, outre son physique trapu, une vocation nourrie par le journal de Che Guevara et la légende de Simon Bolivar, artisan de l'indépendance nationale. «Pour abolir la pauvreté, il faut donner le pouvoir au peuple», professe cet ex-officier putschiste de 52 ans, à l'aise en uniforme de parachutiste autant qu'en costume de luxe. Chavez réélu, hier, dimanche après huit ans à la tête du Venezuela, a gagné ses galons d'icône révolutionnaire, à l'image d'un nouveau libérateur d'Amérique latine dressé devant les Etats-Unis. «Marié avec la patrie», ce père de quatre enfants, deux fois divorcé, fustige avec des accents de prédicateur la «route du capitalisme qui mène à l'enfer» et garantit que «le Christ aurait voté pour la révolution». Omniprésent à la télévision, le lieutenant-colonel Chavez affectionne aussi les tribunes internationales. En septembre 2006, il nargue le président américain George Bush, en le traitant de «diable» à l'ONU. «Sa furie verbale est une tactique militaire basée sur la provocation», décrypte l'écrivain Alberto Barrera dans sa biographie Chavez sans uniforme. Même s'il se défend d'«installer une dictature», il a averti l'opposition qu'elle ne retournerait «plus jamais au pouvoir» que lui-même n'imagine pas lâcher avant au moins 2021, date du bicentenaire de la dernière grande bataille contre la couronne espagnole au Venezuela.