Révolution n Erigé en défenseur des pauvres, l'ex-officier putschiste, Hugo Chavez, réélu fin novembre après huit ans à la tête du Venezuela, a gagné ses galons d'icône révolutionnaire, à l'image d'un nouveau libérateur d'Amérique latine dressé devant les Etats-Unis. «Pour abolir la pauvreté, il faut donner le pouvoir au peuple», professe ce caméléon politique de 52 ans, à l'aise en uniforme de parachutiste autant qu'en costume de luxe, capable de citer Mao Tse-Toung en brandissant un crucifix, pourfendeur d'un «empire américain» auquel il vend la moitié de son pétrole. «Marié avec la patrie», ce père de quatre enfants, deux fois divorcé, fustige avec des accents de prédicateur la «route du capitalisme qui mène à l'enfer» et garantit que «le Christ aurait voté pour la révolution». Omniprésent à la télévision, le lieutenant-colonel Chavez affectionne aussi les tribunes internationales. En septembre 2006, il nargue le président américain George W. Bush, en le traitant de «diable» à l'ONU. «Sa furie verbale est une tactique militaire basée sur la provocation», décrypte un écrivain colombien dans sa biographie Chavez sans uniforme. Pourtant, rien ne semblait disposer à pareil destin ce métis issu de sang noir, blanc et indien, né le 28 juillet 1954 dans un petit village situé dans une vaste région de plaines au centre du pays. Elevé par sa grand-mère, ce fils d'un modeste enseignant s'engage à 17 ans à l'Académie militaire de Caracas où se forgent, outre son physique trapu, une vocation nourrie par le journal de Che Guevara et la légende de Simon Bolivar, artisan de l'indépendance nationale. «Hugo Chavez, à son entrée, était un gamin de la campagne avec des aspirations de joueur de base-ball. Quatre ans plus tard, il en sort un sous-lieutenant dont le cap était le chemin révolutionnaire», a récemment confié le chef de l'Etat lui-même. Cet admirateur de la révolution cubaine, qui appelle Fidel Castro «un père», se fait connaître en appuyant deux coups d'Etat avortés contre le gouvernement corrompu de Carlos Andres Perez en 1992. Les Vénézuéliens découvrent le 4 février de cette année son visage aux traits épais lorsqu'il débarque en béret rouge à la télévision pour annoncer sa reddition. Un autre putsch échoue en novembre alors que Chavez croupit en prison, d'où il sera libéré deux ans plus tard sous la pression populaire. Il remporte l'élection présidentielle en décembre 1998, avec 56% des voix, un score inédit. Il gagnera dès lors tous les scrutins nationaux avec une marge confortable. Ecarté du pouvoir par un putsch mené par le patronat en avril 2002, Chavez retrouve son poste moins de deux jours plus tard, à la faveur de manifestations gigantesques. Même s'il se défend «d'installer une dictature», il a averti l'opposition qu'elle ne retournerait «plus jamais au pouvoir» que lui-même n'imagine pas lâcher avant au moins 2021, date du bicentenaire de la dernière grande bataille contre la couronne espagnole au Venezuela. Il adore Don Quichotte… n Hugo Chavez, l'actuel chef d'?tat vénézuélien revendique une part de l'héritage don quichottien, en ce qu'il pense que sa mission dite bolivarienne réside à mettre en application le chapitre 22 de Don Quichotte relatif à la Libération des Galériens.