Résumé de la 5e partie n Le stratagème de Settoute réussit : la jeune fille épouse le sultan. Elle reçoit un jour la visite d'un mendiant qui n'est autre que son père. Elle lui donne une galette fourrée de pièces d'or... La femme réfléchit un instant, puis déclara : «Je suis sûre que la sultane est ta propre fille. Sinon, pourquoi t'aurait-elle si bien reçu et si généreusement pourvu ? Dieu soit loué ! Notre bonne petite est en vie et, de plus, elle est sultane. Quel bonheur ! Si nous les avons abandonnés, elle et son frère, c'est que nous étions bien pauvres. Dieu m'est témoin ! Tu vas tout de suite retourner au palais du sultan pour dire à notre fille que tu l'as reconnue et que nous sommes heureux de l'avoir retrouvée.» L'homme retourna au palais et versa d'abondantes larmes de contrition dans le giron de sa fille. Le lendemain, ce furent la marâtre et sa fille borgne qui vinrent embrasser la sultane en versant des larmes hypocrites. La reine, qui avait bon cœur, les crut sincères. Elle pardonna à sa marâtre et insista pour retenir la fille auprès d'elle afin de lui donner une meilleure existence. La fille borgne vécut de nombreux mois auprès de la sultane, qui l'appelait ma sœur et la traitait avec égards. Si en apparence, elle nourrissait de bons sentiments envers sa bienfaitrice, il n'en demeurait pas moins qu'au fond d'elle-même elle la haïssait avec force, n'attendant que le moment propice pour la tuer et devenir reine à sa place, comme sa méchante mère le lui avait expressément recommandé. Un jour qu'elle était enceinte et près d'accoucher, la sultane s'assit sur la margelle du puits et demanda la fille borgne de lui peigner les cheveux. Le peigne à la main, celle-ci se plaça derrière elle et, comme il n'y avait personne alentour, la poussa au fond du puits. Après quoi, elle se déguisa en sultane et se rendit auprès du sultan pour exiger de lui de capturer la gazelle et de l'égorger. Devant une telle requête, le sultan exprima son étonnement. Il voulut lui faire entendre raison en lui rappelant qui était la pauvre gazelle, mais elle s'obstina dans sa demande et il dut céder pour ne pas la mécontenter. Les gardes ne tardèrent pas à capturer la gazelle. Le boucher arriva avec son couteau et, au moment où il s'apprêtait à la saigner, elle se mit à parler : «Sultan, je t'en conjure par Allah, retarde ma mort de quelques instants ! Avant de mourir, j'aimerais dire adieu à ma sœur bien-aimée qui se trouve au fond du puits. — Retire-toi, boucher, ordonna le roi, interloqué. Allons d'abord au puits. Si cette gazelle, qui n'a jamais articulé un mot a parlé aujourd'hui, c'est que Dieu veut nous ouvrir les yeux sur quelque mystère.» Ils allèrent au puits, et la gazelle, se penchant par-dessus la margelle, dit : «O ma sœur, fille de ma mère ! Ne sais-tu pas que les couteaux sont affûtés et que les marmites bouillent déjà sur le feu. Je te dis adieu, bien-aimée sœur.» Alors, du fond du puits monta la voix de la reine : «O mon frère, fils de ma mère ! Ne sais-tu pas que j'ai accouché au fond du puits de Lahcène et d'El-Hocine, et que, en ce moment, j'ai mes enfants sur un genou et sur l'autre, en face d'eux, j'ai un serpent qui les guette. Je te dis adieu, bien-aimé frère.» (à suivre...)