Résumé de la 5e partie n Le sultan veut demander la main de la jeune fille. Pour ce, Had-Ezzine exige que ses trois femmes soient présentes. Ses deux premières femmes et Settoute pourront-elles empêcher la 3e épouse d'assister à la demande. ? Le ton de Hadd-Ezzine était ferme, et le sultan, pour ne pas mécontenter ses hôtes, dut envoyer ses deux femmes chercher la malheureuse qui vivait depuis longtemps avec les chiens, nourris comme eux d'os et de bouillie de son. Après l'avoir détachée de sa chaîne, les deux femmes la débarbouillèrent hâtivement, lui passèrent un vêtement propre et, avec force brimades, la conduisirent devant les invités. Hadd-Ezzine embrassa affectueusement la pauvre femme et la fit asseoir à ses côtés. Elle lui parIa avec douceur et la pria de manger dans le plat commun, ce qui ne laissa pas d'intriguer le sultan et d'écœurer ses deux méchantes épouses. Enfin, quand le repas fut achevé, Hadd-Ezzine demanda à la femme de lui raconter toute son histoire. Le sultan voulut s'opposer à cette proposition, mais Hadd-Ezzine insista et l'infortunée commença à parler. — Un jour, enfant, j'ai dit à mes camarades de jeu, par manière de plaisanterie : «Si j'épousais le sultan, je lui donnerais trois enfants : un garçon dont une tempe serait d'or et l'autre d'argent, une fille qui serait plus éclatante que le soleil et un garçon dont les dents seraient de perles et de diamant». Le sultan a entendu, par hasard, ces paroles. Il m'a épousée malgré mon jeune âge et les réticences exprimées par mon père. J'ai accouché trois fois, mes deux consœurs et Settoute me disaient que j'avais donné le jour à un chiot, à chaque accouchement. Elles riaient de moi, et le sultan, profondément déçu de ne pas avoir d'héritier comme il l'avait espéré en m'épousant, finit par m'attacher avec les chiens. Voilà mon histoire, mes enfants. — C'est vrai, dirent les deux méchantes femmes. Elle a accouché de trois chiots. Nous les avons montrés au sultan. — Vous êtes des menteuses. Elle a tenu toutes ses promesses. Elle a réellement donné le jour à trois merveilleux enfants que vous avez enlevés et jetés à la mer par jalousie, avec la complicité de Settoute. C'est vous qui avez substitué aux bébés des chiots pour la compromettre aux yeux du sultan. Et ces enfants que vous avez jetés à la mer, Dieu leur a conservé la vie. Les voilà ! D'un geste, elle ôta à son mari sa chéchia, et toute la pièce s'illumina de l'éclat de ses tempes, car l'une était d'argent et l'autre d'or. Hadd-Ezzine chatouilla ensuite son jeune beau-frère qui se mit à rire de tout l'éclat de ses dents qui étaient de perles et de diamant. Puis, dévoilant le visage de sa belle-sœur, elle dit : — Et celle-là, n'est-elle pas plus resplendissante que le soleil ? Mais alors, vous êtes mes propres enfants ! dit la femme en les attirant sur sa poitrine pour les embrasser. Des larmes de bonheur jaillirent de ses yeux. Les deux méchantes femmes, en revanche, étaient plus mortes que vives. Quant au sultan, qui avait convoité sa propre fille, il était au comble de la confusion. Il embrassa ses enfants, demanda pardon à sa femme, puis ordonna à son vizir d'allumer un grand bûcher où l'on précipita les deux principales coupables. Settoute fut châtiée d'une manière différente : attachée par une jambe à une chamelle assoiffée, et par l'autre à une chamelle affamée, elle fut écartelée dès qu'on lâcha les deux bêtes pour assouvir leurs besoins respectifs. Entouré et aimé par ses trois enfants, sa belle-fille et sa femme, le sultan retrouva la joie de vivre.