Le ministère a dénombré 5000 porteurs du VIH, alors que des études non officielles parlent de 30.000 personnes contaminées. Tous les moyens sont bons pour sensibiliser, prévenir et lutter contre le sida. A l'est du pays, les salons de coiffure et les mosquées sont mis à contribution. «Même les salons de coiffure et les mosquées répartis à travers le territoire des cinq wilayas seront le théâtre de plusieurs actions», a déclaré hier à L'Expression, le Dr Skandar Soufi, président de l'association Aniss pour la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida. «L'objectif de notre action est d'informer quelque 50.000 jeunes sur les maladies sexuellement transmissibles et sur les meilleures stratégies à même de les prévenir», a-t-il ajouté. En effet, sous le thème «Parce que le Sida ne s'attrape pas que le 1er décembre!», l'association Aniss vient de lancer l'opération intitulée «Le mois de la prévention», dont le coup d'envoi a été donné le 17 du mois en cours. Elle durera jusqu'à la mi-avril, et ciblera cinq wilayas de l'Est, à savoir Annaba, Guelma, Souk Ahras, El Tarf et Skikda. En partenariat avec les directions de la santé, de la population, celles des affaires religieuses et des wakfs des wilayas concernées ainsi que différents organismes culturels, l'association Aniss mène actuellement une opération d'envergure à caractère éducatif, informatif et préventif. «Cette opération touchera spécialement les jeunes, jugés comme étant la frange la plus exposée au virus de l'immunodéficience acquis», a expliqué le Dr Skandar. La période des vacances de printemps est à même de favoriser le bon déroulement de cette opération. Ainsi donc, seront ciblés durant cette période, les centres de loisirs, les parcs d'attraction, les auberges de jeunesse et les boîtes de nuit. A partir du 1er avril, l'opération s'élargira pour cibler les centres de formation professionnelle, les résidences universitaires et les universités, les lycées, ainsi que les centres culturels. A cette fin, l'association a formé de jeunes bénévoles appelés «éducateurs pairs», qui auront pour mission d'animer des séances éducatives individuelles sur les IST/Sida, basées sur des techniques de la communication interpersonnelle. Ces séances seront accompagnées de distribution d'outils adaptés à l'âge et au sexe des personnes ciblées. Dans le même contexte, l'opération concernera d'autres catégories de la société «souvent oubliées des efforts de prévention», selon le président de l'association. Il s'agit, entre autres, des personnes souffrant de handicap ainsi que des hémophiles. Le choix des jeunes comme cible de cette campagne est expliqué par le Dr Skandar par le fait que «c'est parmi ces derniers que nous enregistrons le plus grand nombre d'usagers de drogues injectables, de travailleuses du sexe, permanentes ou occasionnelles et de personnes mobiles telles que les migrants et les routiers». Il a ajouté que ces trois groupes constituent les personnes les plus exposées à la contamination par le VIH et les maladies sexuellement transmissibles. A ce sujet, des chiffres avancés par le ministère de la Santé, démontrent que 4% des prostituées en Algérie sont atteintes du sida. Des études spécialisées mais non officielles menées par des spécialistes autonomes font état, quant à elles, de la contamination par les virus du sida et de l'hépatite de 30% des personnes qui s'adonnent aux drogues injectables. Quoique l'Algérie enregistre une faible prévalence inférieure à 1% de la population générale, le Dr Skandar ne lésine pas pour autant sur la prévention. Selon lui, ce taux «nous procure un sentiment de sécurité qui est en fait erroné». A ce sujet, rappelons que les chiffres officiels du ministère de la Santé font état de 5000 personnes vivant avec le VIH en Algérie. Des estimations plus réalistes parlent, quant à elles, de 30.000 cas.A vrai dire, l'association Aniss estime que ces chiffres occultent une autre réalité, celle de la concentration de l'épidémie chez certains groupes marginalisés de la société, et connus aussi bien pour leurs pratiques à risque que pour leur accès difficile à l'information et aux services de santé.