Rappel n Appelée aussi cité DNC, du nom de l'entreprise qui l'a construite, c'était un lieu de cohabitation pour les cadres et les coopérants étrangers dans les années 1980. «Rien que dans notre immeuble, il y avait des Russes, des Tchèques, des Palestiniens et des Syriens. Ce qui fait quatre nationalités étrangères sur un total de 10 appartements», nous dit Réda, 33 ans, avec un trémolo dans la voix, signe d'une profonde nostalgie. Il ajoute : «Petits, quand nous sortions, nous entendions plusieurs langues et jouions à des jeux issus de différentes régions du monde vu le brassage des cultures ; l'espace était disponible et sécurisé pour nous permettre de courir et de nous amuser en toute quiétude.» Ce qui s'explique aisément quand on regarde la manière dont a été bâtie la cité. Plusieurs espaces de jeux ont été prévus entre les carrés d'immeubles. Ces espaces de jeux sont soit remplis de sable ou alors carrément gazonnés pour la sécurité des enfants, sans oublier les quelques pistes cyclables loin des voitures et autres dangers de la circulation. Des arbres plantés dans un petit parc séparant les immeubles, lequel servait de parking. Après une absence qui a duré une quinzaine d'années, Réda est de retour dans la cité où il a grandi et qui est restée, dans sa tête, l'endroit le plus chaleureux et le plus merveilleux du monde ; il se dit attristé par l'état de délabrement et d'abandon dans lequel se trouve son «pays imaginaire». En effet, les espaces verts de jadis, même si heureusement ils n'ont pas été occupés, restent en friche, les herbes sauvages ont pris le dessus sur le gazon et les endroits où il y avait du sable donnent l'air d'avoir été transportés ailleurs par une tempête. Les immeubles, qui étaient fort bien entretenus, sont sales et on constate qu'ils n'ont pas été repeints depuis longtemps. Vu la rareté de l'eau — un phénomène récurrent à l'échelle nationale —, les résidents de la cité ont recouru à l'installation de citernes communes gigantesques, la plupart du temps en plastique, posées à même le sol, ce qui dénature atrocement les petits espaces verts qui longeaient les immeubles. En l'absence des espaces censés accueillir les ordures ménagères, les déchets sont jetés un peu partout. «Les habitants de la cité ont changé, malgré le retour de nombreux résidents qui avaient quitté Sidi Moussa pendant les moments difficiles qu'a connus la région, il reste que bon nombre de nouveaux propriétaires des logements à la cité sont venus des hameaux voisins. Beaucoup d'entre eux n'ont pas connu Bougara I durant ses années de faste et de joie, et ils accordent moins d'importance aux détails qui faisaient la beauté et la quiétude de la cité», ajoute Réda. Pourtant il ne faudrait pas beaucoup d'efforts pour remettre la cité en état ; il suffirait de donner un coup de pinceau aux immeubles, de désherber les espaces verts et de prévoir un endroit pour les ordures ménagères. Notons que chaque week-end pendant 5 semaines, avant et pendant le mois de ramadan dernier, la cité a enregistré la visite du wali délégué et du maire de Sidi Moussa pour mener des opérations de nettoyage et ce, dans le cadre de l'opération propreté entrant dans le nouveau programme en vue d'accueillir l'événement culturel «Alger capitale culturelle arabe», l'année prochaine. Espérons que ce genre de manifestation ne reste pas un phénomène circonstanciel et folklorique.