Réunion ordinaire du Quartette (Etats-Unis, ONU, Union européenne et Russie), mardi dans l'enceinte des Nations unies à New York, en ce sens qu'elle ressemble à toutes celles qui l'ont précédée. A bien lire son communiqué, il n'arrive plus à se mettre en conformité avec sa mission telle que fixée initialement en 2003 et qui consistait à tout mettre en œuvre pour que soit édifié un Etat palestinien en 2005, c'est-à-dire cette année. Mais tout a été fait pour que cet objectif ne soit pas atteint, et le Quartette qui reste un cadre informé est là tout juste pour des recommandations sans le moindre effet sur la situation sur le terrain. Il a, cette fois, appelé Israéliens et Palestiniens à intensifier leurs contacts pour tirer les bénéfices du retrait israélien de la bande de Ghaza que les Palestiniens ont accepté à leur corps défendant, et que les Israéliens présentent comme une redistribution des cartes de territoires qu'ils refusent obstinément d'évacuer. « Les contacts entre les parties devraient être intensifiés à tous les niveaux », ont précisé dans un communiqué commun les quatre partenaires du Quartette. Le groupe a également appelé à « de nouvelles mesures en parallèle des deux parties » pour remplir leurs obligations selon la « feuille de route », le plan international élaboré par ce forum. « Le Quartette réaffirme que tout accord final doit être obtenu par la négociation entre les parties, et qu'un nouvel Etat palestinien doit être réellement viable, avec une continuité territoriale en Cisjordanie et une connexion avec la bande de Ghaza », poursuit le communiqué commun. Là est le seul élément positif de cette déclaration relevé d'ailleurs avec force par les Palestiniens. Ce document a été publié à l'issue d'une réunion du Secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, avec le haut représentant diplomatique de l'Union européenne, Javier Solana, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, et la commissaire européenne aux relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. Au cours d'une conférence de presse commune, les représentants du Quartette ont appelé Israël à abandonner ses projets d'agrandissement des colonies de Cisjordanie et les Palestiniens à intensifier leurs efforts pour faire cesser le terrorisme. « Nous n'oublions pas ce qui se passe en Cisjordanie », a souligné M. Annan au cours d'une conférence de presse, en faisant référence à la volonté exprimée par Israël de poursuivre la colonisation en Cisjordanie et à l'édification de la « barrière de sécurité » israélienne. « Pour ce Quartette, c'est Ghaza d'abord et la prochaine étape est la Cisjordanie. C'est Ghaza d'abord et non pas Ghaza tout court », a-t-il ajouté. C'est pourtant ce qui avait été convenu en 1993 par les Palestiniens et les Israéliens, mais on sait ce qu'il est advenu des accords d'Oslo. Mme Rice a souligné pour sa part qu'il fallait « maintenant tirer profit de l'élan apporté par ce retrait pour aider les Palestiniens à créer à Ghaza un modèle d'Autorité palestinienne qui soit effectivement capable de gouverner », tout en notant que « l'Autorité palestinienne doit faire mieux sur le front de la sécurité ». Le chef de la diplomatie américaine a paru assouplir la position des Etats-Unis sur la participation du Hamas aux élections palestiniennes, en soulignant que la démocratie palestinienne était une « démocratie de transition ». « Nous comprenons que ceci est une transition, et je pense que tout le monde (le) comprend », a-t-elle déclaré, estimant qu'il fallait « laisser aux Palestiniens une certaine marge de manœuvre ». « Nous espérons que les élections vont aller de l'avant et que tout le monde va coopérer », a-t-elle souligné, alors qu'Israël menace - et son ministre des Affaires étrangères l'a rappelé hier - d'entraver l'organisation des élections en Cisjordanie si le mouvement islamiste y participe. « Cela dit, nous avons noté qu'il y a une contradiction fondamentale entre les actions armées et le processus politique », a-t-elle conclu. La veille, un responsable américain était apparu plus négatif en affirmant sous le couvert de l'anonymat que cette « contradiction » était « une question qui devrait inquiéter non seulement les Israéliens mais aussi les Américains , ainsi que le reste du monde ». Mais ce droit au libre choix est contesté par Israël. « Nous ne permettrons pas au Hamas de prendre part aux élections » législatives prévues le 25 janvier prochain, a affirmé son ministre des Affaires étrangères. Et à entendre ce ministre, Israël sabotera le processus électoral s'il incluait le Hamas. Du chantage quoi ! Quant à l'Autorité palestinienne, elle a salué hier l'appel du Quartette. « Nous saluons la déclaration du Quartette sur l'Etat palestinien viable. Il faut que cela soit traduit immédiatement sur le terrain afin de préserver l'élan créé par le retrait israélien de la bande de Ghaza », a déclaré le porte-parole de la présidence de l'Autorité palestinienne. Celle-ci « est entièrement prête à engager des négociations sur le statut final des territoires palestiniens et à commencer l'application de la Feuille de route », a-t-il ajouté. En d'autres termes, les Palestiniens ont pris le Quartette au mot en déclarant leur disponibilité à reprendre la négociation avec Israël, mais la question est de savoir si ce dernier est prêt lui aussi. Toute la question est là, et le Quartette le sait.