Traditions n Longtemps, les pouvoirs publics ont ignoré les pratiques culturelles locales pour privilégier la culture nationale. Chaque société se révèle par sa culture, une mosaïque d'expressions orales et écrites d'us séculaires et de traditions ancestrales. Une grande et importante richesse patrimoniale. Chez nous, en Algérie, à la diversité géographique et culturelle étonnante, les cultures locales ou, en d'autres termes, les traditions populaires abondent et foisonnent dans chaque région, mais restent un fait patrimonial régional, donc ignorées par les instances officielles qui les relèguent à un rang mineur, à un référent culturel – ou identitaire – subsidiaire et à une expression populaire relevant d'une vision purement folklorique. Ainsi, les instances officielles reproduisent la même vision que celle adoptée par l'Occident. Car souvent, le patrimoine local n'est évoqué que dans des circonstances bien déterminées, c'est-à-dire lors de rencontres et représentations officielles, mais jamais comme étant un legs ancestral, un bien patrimonial ou une référence identitaire. C'est toujours pour justifier un discours ou encore célébrer un acte ou exalter une date et un lieu – une initiative relevant de l'ordre du politique – que les cultures, donc les traditions populaires sont mises en exergue. Longtemps, les pouvoirs publics ont ignoré les pratiques culturelles locales, ils les ont délaissées pour privilégier la culture nationale, soit le discours officiel. L'on a assisté, au lendemain de l'indépendance, à une homogénéisation de la société, donc à un rejet des particularités de notre histoire. Que reste-t-il depuis de nos cultures populaires, de nos us et de nos pratiques ancestrales en l'absence d'une politique visant à tenir compte et à entretenir ce legs et le considérer comme un patrimoine immatériel, véritable réservoir d'authenticité. Ainsi, et contrairement à nos voisins tunisiens ou marocains, l'Algérie n'a pratiquement plus d'artisanat ; les arts et métiers traditionnels tendent à disparaître parce qu'il n'y a pas de relève (les jeunes ne sont pas pleinement encouragés). Quant à nos fêtes populaires, celles d'antan, il n'en subsiste que quelques manifestations, ici et là ; toutes ont pratiquement disparu des villages. Les fêtes champêtres ne se célèbrent plus non plus. La fête de la poterie qu'accueillait la localité de Maâtka (Tizi Ouzou) n'a pu se tenir l'été dernier ni celui d'avant, et il en est de même pour la fête du couscous initiée pour la première fois par les villageois de M'kira en juin 2005. Il y a également Yeneyer, le nouvel an berbère qui ne se fête pratiquement plus, sauf dans certaines localités du pays, comme en Kabylie ou dans l'Ouest, à l'exemple de la région de Tlemcen. Il est à souligner toutefois que certaines régions du pays, notamment celles de l'Ouest, continuent à pratiquer certaines traditions séculaires. Ces régions continuent de célébrer les waâdate, comme celles de Sidi El-Hassani (Oran), Akarma (Relizane), Sidi Moulay Tayeb (Saïda), Cheikh Sidi Djillali (Tlemcen)… pour ne citer que celles qui bénéficient d'une certaine médiatisation.