De notre correspondante à Sidi Bel Abbès Amira Bensabeur Après six jours de compétition qui ont mis en concurrence des troupes locales, nationales et arabes de Libye, de Tunisie et de Jordanie, le Forum national sur la halqa et l'oralité de Sidi Bel Abbès s'est clôturé dans la soirée de samedi dernier avec un appel de ses organisateurs comme des participants pour en faire un festival international.L'intérêt que le public a affiché pour les différents spectacles animés sur les places publiques par de nombreux conteurs et meddahine (Pl. de meddah, barde) tels que cheikh Benaouda d'Oran, cheikh Benaamar Henni, Abbas Lacarne, et bien d'autres, a conforté l'ambition des organisateurs qui entendaient, à travers ce forum, contribuer à la préservation de la mémoire collective, la valorisation de ce patrimoine immatériel et, par-delà, à la promotion du tourisme culturel dans la capitale de la Mekkerra. Du côté de la direction de la culture, on considère que cette manifestation est aussi l'occasion d'offrir aux spectateurs un regard original sur cet art populaire, ce qui permettra de faire renaître cette culture ancestrale menacée d'extinction faute de relève. Les conférences qui ont été programmées lors de ce forum se sont d'ailleurs inscrites dans cette perspective. Les participants ont ainsi entrepris de mettre en valeur l'importance de la halqa en tant que patrimoine et ont souligné la nécessité de préserver cet art séculaire par la création de centres de formation de jeunes conteurs, par exemple. La culture populaire, a-t-on expliqué, reste encore entachée de beaucoup d'ambiguïtés et de zones d'ombre. Aussi l'essentiel est-il d'interroger les différentes formes d'expressions culturelles populaires qui composent l'univers culturel algérien, comme la halqa, le goual et le meddah, et de voir comment elles se manifestent aujourd'hui, dans la représentation théâtrale par exemple. Cette structure du conte populaire qui marque les œuvres dramatiques constitue souvent des entités syncrétiques. Cercle populaire maniant l'art de l'improvisation et de l'attraction, la halqa, selon les intervenants, demeure la première forme du théâtre populaire. Les chioukh, les étudiants et les chercheurs qui ont participé aux débats de ce forum se sont accordés à dire que la tradition orale populaire, un legs qui marque l'identité algérienne, doit d'abord être appréciée et estimée à sa juste valeur par les nouvelles générations pour être préservée. Et les conteurs ont un rôle important à jouer dans ce sens. Le conteur est ce personnage atypique et original qui sillonne plusieurs pays et emporte son public dans des voyages pleins de légendes et de mystères. Il se déplace de ville en ville, de village en village. Il transporte dans sa besace mythes et légendes venus d'ailleurs. Il nourrit la mémoire collective avec les histoires qu'il met en scène et interprète lui-même tous les personnages nombreux et changeants de son récit, plongeant ainsi le public dans un monde mythique qui trouve ses origines dans la tradition et les coutumes. «Le goual possède un vaste répertoire de contes populaires, de romances, de légendes et d'épopées. Il interprète les personnages les plus illustres comme les plus simples en fonction du lieu et de l'auditoire», diront les chioukh. C'est un véritable patrimoine culturel, ajouteront-ils. De plus, le conte a une grande portée éducative et didactique qu'il transmet de manière ludique. D'ailleurs, les enfants qui découvrent les conteurs expriment toujours leur joie et leur intérêt. Nous avons vu des nuées d'enfants assiéger les conteurs qui ont animé les places publiques de Sidi Bel Abbès. Le goual était le maître de cérémonie de ce forum qui veut, selon les organisateurs, démontrer que cette culture orale fait partie de l'identité culturelle de la société et qu'il faut à ce titre la préserver et la promouvoir car, en raison des techniques qu'elle utilise et de la qualité des recherches dont elle fait l'objet, elle appartient désormais à la culture savante. Ce festival entend, par ailleurs, redonner à la ville de Sidi Bel Abbès son rayonnement d'antan, elle qui comptait jadis de nombreux gouals et meddahine.