Résumé de la 5e partie n Le détective japonais Kinusaga, qui imposait sa loi dans le quartier chinois, vient d'être pris en flagrant délit pour racket et corruption. Effectivement la vie devient rapidement intenable pour elle, dans le quartier, où l'on chuchote sur son passage, et à l'école, les enfants ne se privent pas d'insulter les rejetons du policier marron, du traître qui touchait des pots-de-vin. Pourtant, courageusement, la jeune femme attend que passent les six mois d'infamie. Elle ignore quel mari elle retrouvera. Le déshonneur est difficile à vivre pour Michael, encore plus orgueilleux que Japonais. Et elle a raison de s'inquiéter : en prison, Michael le Jap, comme l'appellent les autres prisonniers, n'est plus le même homme. Il semble habité d'une fureur permanente. Comme s'il n'avait plus rien à perdre, il provoque les autres détenus, les gardiens, casse tout dans sa cellule, braille à qui veut l'entendre que la seule vie possible dans ce pays pourri, c'est la vie de gangster, qu'il faut savoir prendre le fric où il est, qu'il formera son propre gang en sortant de prison, et que, cette fois, bien malin qui pourra le confondre. Sa violence est telle parfois qu'il faut le mettre en cellule spéciale, en isolement, et dès qu'il en sort, il se montre plus agressif encore. Au bout de quelques semaines, le Jap est considéré comme un détenu dangereux, et le directeur de la prison l'affecte au quartier de ses pairs, dans la cellule de Dudley Dyllon, agresseur de quatre-vingt-dix femmes, soupçonné de deux meurtres, et dont la réputation de violence égale celle de l'ancien policier véreux... Le jeu le plus dangereux commence alors. Tout ce plan compliqué, mis au point par le chef de la police de Chicago, avec la seule complicité du directeur de la prison, était destiné à cela. Enfermer face à face le détective Kinusaga et le meurtrier Dyllon. Un mouton dans la cage du loup. Le Jap, ayant gagné l'estime de certains détenus par sa révolte permanente, s'efforce alors de gagner celle des autres, en utilisant ses compétences de droit. La plupart des hommes, conseillés par des avocats commis d'office, ne comprennent pas grand-chose à leur défense, et ils se pressent bientôt autour du Jap devenu spécialiste, pour lui demander, qui une lettre au juge des appels, qui une demande de remise de peine, ou un pamphlet pour la presse, ou des recommandations à leurs avocats. Kinusaga ne se fait jamais prier, il prône la solidarité entre détenus, il se fait le chef de la lutte contre la société du dehors. Bien entendu, à chaque demande de ce genre, le détenu est obligé de lui faire le récit des circonstances qui ont entraîné son incarcération. Le Jap est rapidement le confident de tout le monde. Le seul à ne pas bouger, c'est Dyllon. Son compagnon de cellule est d'une méfiance redoutable, il est dangereux aussi. Plus d'un prisonnier l'évite ; un étrangleur n'est guère fréquentable, même en prison, surtout un étrangleur de femmes. Les jours passent, le face-à-face continue, comme pendant une partie d'échecs, l'un observant l'autre. Les nuits aussi. Que Dyllon ait le moindre doute sur la «sincérité» de son compagnon de cellule, et le Jap pourrait bien se retrouver mort sur sa couchette. Mais si Dyllon est doté d'une froideur et d'un cynisme étonnants, Kinusaga a pour lui la patience et l'impassibilité japonaises. Il a investi son honneur dans cette histoire, il veut rester maître du jeu. Il ne tente même pas d'approche précise, il laisse venir le poisson. (à suivre...)