Résumé de la 1re partie n Lorsque le vieil Horace s'ennuie, il monte sur son toit avec des jumelles. Il est ainsi témoin de l'assassinat d'une femme. Horace est bien évidemment un témoin essentiel. Il a vu, de ses yeux, dans ses jumelles, un homme tuer une femme dans le parc. Face au détective sergent Michael Kinusaga, il décrit l'assassin : «Grand, mince, avec une moustache.» La femme a été retrouvée et identifiée rapidement, sans que soit éclairci le mobile du crime. Connaissait-elle l'homme ? Mystère. Cecilia Bonn, cinquante ans, célibataire, sans profession, traversait le parc ce jour-là pour se rendre à une partie de bridge chez des amis, comme chaque dimanche. Horace a eu l'impression, dans ses jumelles, lorsqu'il a visualisé le couple à la première seconde, qu'ils étaient amoureux. Amoureux n'est pas le mot. Selon l'autopsie, il s'agit d'un viol. Et d'un viol brutal d'une extrême rapidité. Guère plus de trois ou quatre minutes. L'homme s'est attaqué à Cecilia Bonn et l'a étranglée presque au moment de l'acte de violence sexuelle. Autrement dit, le vieil Horace a assisté aux deux dernières minutes, il n'a perdu que la première. Le détective Kinusaga, un Américain d'origine japonaise, reste impassible en apparence, alors qu'il raconte tout cela au vieil Horace, témoin précieux pour lui. Horace, lui, n'en revient pas : «Tout de même, tuer une femme pour trois minutes de plaisir... — Cela veut dire que cet homme éprouve des pulsions irrésistibles, une sorte de maniaque, voyez-vous, et j'ai bien peur qu'il recommence si on ne l'arrête pas à temps. Votre témoignage est d'une grande importance, en cas d'arrestation d'un suspect, je vous contacterai.» Le vieil Horace s'est offert un dimanche mouvementé, mieux qu'à la télé. Et son feuilleton n'est peut-être pas fini. Le détective Kinusaga, lui, voudrait bien réussir son enquête. C'est la première d'importance qu'on lui confie et, en 1959, il est aussi difficile à Chicago d'être un flic japonais que d'être flic allemand en France à la même époque. Les Américains se méfient. La naturalisation n'est pas suffisante, il reste le front haut, le teint ocre, les yeux bridés et cette impassibilité orientale, le tout mêlé au souvenir de la guerre du Pacifique. Pas facile de faire ses preuves, pour le détective Kinusaga. Durant trois jours, il étudie et réétudie le rapport d'autopsie, fouille dans les fiches des sadiques répertoriés, sans aucun succès. Grand, maigre avec une moustache, c'est assez vague, surtout vu à la jumelle. Pourtant, le vieil Horace a bien précisé qu'il saurait reconnaître l'homme si on le lui présentait. Il est observateur. Et le détective Kinusaga avait malheureusement raison de prévoir une récidive. Trois jours plus tard, il se penche sur le corps d'une jeune étudiante de seize ans : même agression par derrière et par surprise, violence rapide et étranglement. L'homme est un malade sexuel, de toute évidence : une femme de cinquante ans, une adolescente de seize... viol identique pour les deux... Quelque part dans Chicago, ce malade rôde dans la nuit. Il n'a pas frappé depuis trois semaines. Soudain, là, devant lui, marchant lentement, une grande et jolie femme d'une trentaine d'années. La rue est déserte, l'homme s'en assure rapidement, il accélère le pas, la femme accélère le sien. L'homme se rapproche, il marche plus vite, il est derrière elle, si près qu'elle peut en sentir l'haleine dans son cou. Soudain, un bras autour de son cou, rapide, brutal. (à suivre...)