Résumé de la 4e partie n Le commissaire veut tendre un piège pour faire tomber Dudley. Pour cela, il fait appel à une jeune recrue de la police, le détective Kinusaga. Le chef ferme personnellement les yeux sur certaines activités parfaitement illicites de ce Chinois-là. Derrière ce fauteuil-là, ce rideau-là, tout au bout du couloir là-bas, est un tripot enfumé, où se pratique un jeu d'enfer. Le chef de la police passe distraitement devant le rideau, fait le tour du fauteuil et vient s'asseoir sur le coin du bureau laqué. — J'ai besoin d'un service. Le Chinois hoche la tête. Il n'aime pas les services mais il faut bien... — Je soupçonne un de mes détectives, Michael Kinusaga, de toucher des pots-de-vin par-ci, par-là... Vous allez m'aider à prouver la corruption. Vous connaissez le détective Kinusaga ? Un Japonais… Le Chinois hoche encore la tête. Il semble que parler le fatiguerait. A moins que prudence chinoise exige... Toujours laisser parler celui qui vient à vous. — Bien, nous allons procéder ainsi. Lorsque le chef de la police de Chicago ressort du bureau, le Chinois hoche encore la tête comme un mandarin fatigué. Il pense certainement que, pots-devin ou pas, ce flic américain n'aime pas du tout ce flic japonais... Le lendemain soir, le détective Kinusaga pénètre dans le tripot chinois, revolver à la main et regard mauvais. Trois douzaines d'individus embrumés et alcoolisés se disputent les quelques dollars étalés sur la table. L'œil acéré du détective compte les joueurs, puis vient les examiner sous le nez, le revolver toujours menaçant. Cela fait, le détective Kinusaga va faire son devoir. Il fonce dans le bureau du Chinois, soulève violemment le rideau, fait claquer son arme à plat sur la jolie laque du bureau, et gronde à la masse inerte et mollasse : — Cette fois vous allez trop loin... Je vous avais prévenu, pas plus de dix joueurs ! Désolé, mais je ferme votre baraque ! Le Chinois tressaille et lève les bras au ciel, ce qui est insolite, il supplie, gémit, jure qu'il n'a pas compté, que ses hommes seront punis, qu'il ne le fera plus, mais qu'on ne le prive pas de son tripot chéri... source précieuse de renseignements précieux, d'ailleurs..., ajoute-t-il faiblement. Le détective reste inflexible, alors le Chinois énorme et flasque bouge un bras lentement vers le tiroir de son bureau, l'ouvre toujours lentement sous l'œil soupçonneux du policier, et en sort toujours lentement une liasse de dollars qu'il pose délicatement sur la laque, où le vert des billets se reflète joliment. Le détective fait l'étonné, le Chinois rajoute une liasse, puis une autre... Après un instant d'hésitation encore, le policier ramasse les billets, compte rapidement : dix mille dollars... Le revolver du détective Kinusaga regagne alors son étui. Dans le plus pur style Bogart, il marmonne : — Okay. Mais rappelle-toi, pas plus de dix joueurs ! C'est alors que surgit le chef de la police de Chicago. Le détective pourri est pris sur le fait, flagrant délit. Ainsi Michael Kinusaga est condamné à six mois de prison, par un tribunal, et déshonoré, ce qui est la pire des choses pour un Japonais. Il est bien entendu expulsé de la police. En écoutant son mari reconnaître les faits, en entendant le verdict, en public, devant tous les collègues de son mari, la jeune madame Kinusaga s'évanouit. Tous les rêves qu'elle faisait avec son époux, leurs jeunes enfants à l'école américaine, la maison bourgeoise, la respectabilité, tout s'effondre. (à suivre...)