Résumé de la 8e partie n Les auteurs musulmans ont tenté, en commentant le texte coranique, de préciser le nombre des dormants de la caverne et de donner des détails sur eux. En fait, les commentaires de Tabarî et de plusieurs auteurs musulmans qui ont écrit sur les dormants se sont inspirés de sources chrétiennes qui doivent remonter aux tout premiers siècles de l'ère chrétienne. N'oublions pas que l'Orient musulman comptait de nombreuses communautés chrétiennes et qu'il n'était pas difficile d'avoir accès à leur documentation ancienne. De toute façon, le plus ancien document qui nous soit parvenu sur le sujet est un document oriental, puisqu'il s'agit d'un récit de Jacques de Sarroug, un prêtre syrien mort en l'an de grâce 521, soit moins d'un siècle après le miracle de la grotte. Il est question, dans ce document de sept adolescents, fuyant la persécution d'un empereur inique, que Dieu, pour les dissimuler à leur ennemi, a fait plonger dans un profond sommeil. Quand ils se réveillent trois siècles après, le monde a changé autour d'eux. François Grégoire de Tours (538-594) reprend cette histoire miraculeuse, en l'enrichissant de nombreux détails, dans le chapitre 45 de son De Gloria Martyrum, (De la gloire des martyrs). L'histoire des dormants est, selon lui, un prodige qui atteste de la puissance de Dieu. Grégoire de Tours précise que les dormants sont au nombre de sept, qu'ils étaient chrétiens et vivaient au temps de l'empereur Decius. Celui-ci était païen et persécutait les chrétiens. Il avait publié un édit leur ordonnant d'abjurer leur religion et de retourner à la religion romaine. Si beaucoup l'avaient fait, d'autres avaient refusé, encourant ainsi la peine de mort. C'est de peur d'être arrêtés que les jeunes hommes avaient quitté leur ville et s'étaient réfugiés dans une grotte. Les soldats, partis à leur poursuite, ont fini par découvrir leur cachette. Mais plutôt que de les en faire sortir et de procéder à leur arrestation, ils ont fait rouler une grosse pierre à l'entrée de la grotte, les condamnant ainsi à mourir de faim et de soif. Les sept garçons sont d'abord affolés à l'idée de mourir ainsi, emmurés dans une grotte, puis comprenant qu'ils ne pouvaient en sortir, ils se sont dit : «Si Dieu a prescrit que nous mourrons ainsi, que sa volonté soit faite. Il est Notre Seigneur et Notre Créateur !» Ils s'assoient donc, attendant de mourir, mais Dieu fait alors tomber sur eux un lourd sommeil... un sommeil qui allait durer des années et des années! Ils n'avaient besoin ni de manger ni de boire et ils étaient à l'abri du froid, de la chaleur et de tout autre danger. Sous le règne de l'empereur Théodore II, un jeune berger, cherchant des moutons égarés, a découvert la grotte. Les sept jeunes gens semblaient morts, mais quand il s'est approché d'eux, il les a trouvés bien vivants. Il les a réveillés et ils lui ont raconté leur histoire. Selon Grégoire de Tours, le sommeil des sept adolescents avait duré 196 ans, date qui ne sera pas reprise dans les documents ultérieurs qui, comme chez les musulmans, vont indiquer trois siècles et quelques années. (à suivre...)