Résumé de la 15e partie n La Turquie est sans doute le pays musulman où le souvenir des sept dormants est le plus vivace. Nous avons déjà cité pour la Syrie la mosquée de Damas appelée Ahl al-Kahf, (Les Gens de la Caverne), sur une pente du Djebel Qasiyun. La particularité de cette mosquée est de posséder sept mihrabs, les niches creusées dans le mur pour indiquer la direction de la prière ou Qibla. Ces mihrabs représentent, selon la tradition, les sept dormants cités par le Coran. Si on en croit certaines sources, c'est à une date récente, plus exactement au XVIIe siècle, que la mosquée a pris le nom de Ahl al-Kahf : auparavant elle s'appelait Kahf Djibril, la mosquée de l'Ange Gabriel. On ne sait, comme l'ont souligné certains auteurs, s'il y avait un rapport avec la Via Appia de Rome qui était à la fois dédiée à l'Archange Gabriel et aux sept dormants. Ce n'est sans doute qu'une coïncidence : le nom de l'Ange Gabriel était donné à des sanctuaires et à des mosquées sans qu'il soit associé aux sept dormants de la tradition coranique. Dans la mosquée de Damas, on ne rend pas de culte particulier aux dormants, mais on garde leur souvenir et on cite leur sommeil, puis leur réveil miraculeux comme un signe de La Toute-Puissance de Dieu. Citons, pour en finir avec les sept dormants dans les pays musulmans, les îles Comores. Il n'y a pas dans ce pays d'Afrique de sanctuaires qui leur soient dédiés, mais on y pratique une sorte de culte où ils sont associés. Les marins notamment, quand ils sont en perdition, s'accrochent au gouvernail de leur embarcation, suppliant l'intercession des sept dormants, emmurés vivants, mais qui ont percé le mur de la mort, revenant à la vie. Salah Stiété, dans un ouvrage paru en 1993, écrit à propos de ce culte des dormants : «Admirable et combien est forte l'image poétique qui fait des sept saints, les maîtres de la sécurité en mer. Parce que, d'après leur légende, ils ont été bercés dans le sommeil par La Main de Dieu, Qui les tourne et les retourne dans leur nuit, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, afin qu'ils trouvent le plus profond repos, les voici qui se transforment en intercesseurs pour le bateau, lui aussi, exposé au péril de la mer...» Cette association de la mer aux sept dormants se retrouve en Turquie où la marine de guerre était placée sous la protection des sept dormants. Les noms des jeunes gens étaient peints sur la proue des navires pour les protéger du naufrage. Toujours en Turquie, le souvenir des dormants est demeuré vif parmi les musulmans. Des mères font réciter aux enfants, avant de dormir, les noms des dormants pour les protéger des maléfices. Dans d'autres contrées, le nom des dormants est utilisé à des fins magiques. Au Yémen, on connaissait une invocation dédiée aux dormants, qui permettait de marcher sur le feu sans danger, de guérir les maux de tête, d'enlever la peur inspirée par la mer, de calmer un enfant qui ne veut pas dormir, etc. En Afghanistan, on invoque les sept dormants et surtout leur chien, Qitmir, pour se protéger contre les morsures des chiens enragés. (à suivre...)