Constat n Le personnel médical fait face à une situation des plus dramatiques vu l'absence de sécurité dans les services, notamment les urgences. Le CHU Mustapha-Pacha est l'établissement hospitalier le plus célèbre en Algérie. «C'est le point de chute de tous les malades qui y viennent de toutes les régions du pays», nous a déclaré Mourad, agent de sécurité, lui qui voit toutes les plaques d'immatriculation de toutes les wilayas du pays et qui accueille des malades «du plus gentil au plus agressif». Cet agent de sécurité est témoin de situations désolantes. «Quand je vois un malade ou le parent d'un patient insulter un médecin ou une infirmière ça me fait vraiment de la peine. D'abord, on essaye de comprendre la situation du malade, mais parfois, sinon souvent, c'est l'abus et la hogra. Le service des urgences est devenu un défouloir pour les gens. Ils viennent en groupe. Ils s'installent dans la salle d'attente ou tout simplement occupent les couloirs du service et tu n'as sûrement pas intérêt à leur faire de remarque. Ils ne cherchent que ça pour s'accrocher», regrette Mourad. Pour le Dr Boubezari, chef d'unité au service des urgences chirurgicales, le service des urgences d'un hôpital reflète exactement l'état de notre société. «Dans tous les cas, c'est le problème de l'agressivité de l'Algérien qui est posé. Chaque jour, on aboutit à des rixes. On agresse le médecin, le personnel médical.» Pour notre interlocuteur, écœuré de la situation, «quand on se retrouve dans une salle d'attente où il y a 40 personnes, on ne peut que connaître des problèmes.» Lors de notre visite, dans la soirée, au service des urgences du CHU Mustapha, nous avons constaté la situation décrite par le Dr Boubezari. C'est l'alerte générale. Les médecins sont stressés et angoissés. Ils sont interpellés de partout. Le patient n'arrive pas à distinguer le médecin de l'infirmier. C'est le brouhaha total. Les accompagnateurs de malades se révèlent tous connaisseurs dans le domaine de la médecine. La salle d'attente est pleine. Elle a perdu sa mission première, car personne n'attend. L'Algérien n'aime pas qu'on le fasse attendre. Il est pressé et angoissé. Dans la salle d'attente et les couloirs, on constate l'encombrement. «Il faut peut-être procéder à la réalisation d'une trémie», ironise un jeune interrogé sur la situation. Durant la nuit, le personnel médical a affaire parfois à des drogués et des intoxiqués. L'agressivité est patente. Il y a des cas pathologiques. Le médecin subit des agressions verbales. Tous les jours et tous les soirs.