Photo : S. Zoheir Par Amel Bouakba Si, en théorie, le rôle du service d'urgence dans un hôpital est celui d'accueillir sans sélectivité aucune et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, même les jours fériés, toute personne se présentant en situation d'urgence, y compris psychiatrique, et de la prendre en charge, notamment en cas de détresse et d'urgence vitale, la réalité est tout autre en Algérie. Les services des urgences connaissent un dysfonctionnement chronique et les différents responsables qui se sont succédé à la tête du département de la santé n'ont eu de cesse de le confirmer, mais sans parvenir à mettre fin à la défaillance ambiante. On se rappelle qu'il y a quelque temps, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, affirmait qu'il était «anormal qu'à partir de 16h, nos hôpitaux ressemblent à des cimetières, tout comme il était anormal qu'au moment où des malades sont présents, les cadres des hôpitaux soient absents». Cette situation est d'autant plus vraie au niveau des services des urgences. Elle en dit long sur l'état du secteur de la santé qui agonise. Le mois sacré met encore plus à nu les nombreuses lacunes et insuffisances du secteur de la santé et des services des urgences. Ceux-ci vivent en ce mois de miséricorde et de piété un état de réelle débandade. Le nombre de consultations a doublé en ce mois de jeûne un peu partout à travers les structures hospitalières du pays, auquel ni les moyens ni le personnel n'arrivent à faire face. Les salles des urgences sont littéralement envahies après le f'tour par un grand nombre de cas urgents admis notamment pour hypoglycémie, hypertension artérielle, diabète, problèmes gastriques multiformes… Toutefois, la situation de «confusion» et de totale «désorganisation» qui caractérise nos services des urgences accentue encore plus le malaise et la souffrance des patients. Ces derniers déplorent fortement la qualité de l'accueil et de leur prise en charge médicale. Il suffit de faire un tour à travers les structures des urgences des hôpitaux pour se rendre compte de ce que doit subir chaque jour le malade en Algérie. Même les services des hôpitaux les plus illustres, à l'image de Mustapha Pacha, ne sont pas épargnés par la médiocrité. L'insuffisance criante de médecins et de matériel est constatée un peu partout. Depuis qu'il est à la tête du secteur de la santé, Saïd Barkat a insisté sur le rôle des structures des urgences et a donné des instructions pour l'amélioration de la prise en charge des malades. Le ministre a annoncé dernièrement l'ouverture d'un nouveau service des urgences au CHU Mustapha Pacha en janvier prochain et ce, pour réduire la pression sur l'actuel service des urgences, assurer une meilleure prise en charge des patients et réduire le temps d'attente et les déplacements entre les différents services. Il a précisé que cette structure englobera plusieurs spécialités, dont la chirurgie générale, la chirurgie thoracique, l'orthopédie, la neurologie et la médecine vasculaire et, en cas de nécessité, d'autres spécialités, à l'instar de la médecine maxillo-faciale, de l'ophtalmologie et de l'ORL. A quand des services des urgences dignes de ce nom en Algérie ?