Il est dans la tourmente. Après la surcharge de travail, due à l'afflux de malades, c'est au tour de la violence de cibler le personnel soignant. Le CHU Mohamed-Nédir est, à son corps défendant, entré dans le cycle terrible de la violence. Une violence gratuite, que personne ne peut arriver à comprendre. A la suite d'une agression, l'ultime goutte qui a fait déborder le vase, les personnels se sont constitués en cellule de crise. Le lendemain de l'agression (hier ndlr), le service des urgences, lieu où s'est produit l'incident, a observé une grève de protestation avec, bien entendu, un service minimum. Hier, les syndicalistes se réunissaient et après examen de la situation ont décidé d'organiser une journée de protestation. Samedi et dimanche prochains, ils comptent inviter les autorités compétentes: wali, directeur de wilaya de la santé, responsable de la Sûreté de wilaya et directeur général du CHU, afin de les informer de la situation que vit le CHU. Puis, l'assemblée générale a voté le principe du dépôt d'un préavis de grève illimitée à partir du samedi 16 mars. Les hospitaliers ont tenu également à dissocier le service des urgences de ce mouvement de protestation, pour ne pas pénaliser la population. Les hospitaliers, qui parlent d'une «surcharge du CHU, qui est le seul établissement de ce type entre Sétif et Alger», expliquent cette situation qu'ils vivent par «l'afflux important de malades et d'accompagnateurs. Souvent, précise un médecin des urgences, on n'arrive même pas à ausculter convenablement le malade». Et un infirmier d'ajouter: «Vous savez, on a vraiment peur, surtout la nuit. L'autre jour (jour de l'incident ndlr), c'est un accompagnateur qui a agressé et à coups de poing, un médecin, qui ne se serait pas occupé, comme lui l'entendait, de sa malade. En fait, il s'agissait d'une personne qui n'acceptait pas, au sens médical du terme, l'intubation et ce, après trois essais...». En fait, et de l'avis de tous, le CHU de Tizi Ouzou ploie sous le fardeau. L'établissement ne pouvant plus répondre aux demandes de plus en plus nombreuses. Cet afflux influe négativement sur la qualité des prestations. Les conditions de travail se détériorant, chaque jour, sont, en fait, à la base de tous les problèmes. Un responsable administratif, assisté de deux syndicalistes, explique que le CHU a, par exemple, un scanner mais seulement deux radiologues. C'est ce qui explique que souvent des malades sont dirigés sur l'extérieur pour leurs examens radiologiques, le CHU ayant besoin d'au moins six radiologues pour répondre plus efficacement à la demande. C'est le même besoin qui se fait sentir en personnel spécialisé : anesthésistes, réanimateurs, pédiatres cardiologues. Le CHU Mohamed-Nédir joue également le rôle de l'hôpital du secteur sanitaire de Tizi Ouzou, alors que les établissements pouvant répondre aux urgences existent: la polyclinique de M'douha, ou encore celle de la Nouvelle-Ville.Mais, voilà, l'habitude est une seconde nature... et le CHU est tout le temps engorgé. C'est en fait, tout le système médical qu'il est urgent de revoir. Pour revenir à cette malheureuse affaire, une de plus, une de trop, dira-t-on, le personnel du CHU, réuni en assemblée générale déclarée ouverte, veut en finir avec cet état de psychose. Le CHU a ainsi déposé une plainte contre X et demande une assistance «sécuritaire» afin que le personnel soignant fasse son travail dans le calme. A la suite donc de cet incident, le CHU a tenu à informer officiellement, outre la direction de wilaya de la santé, le ministère de tutelle. Les hospitaliers, qui ont apparemment décidé de tout faire pour «extirper» le mal, ne veulent plus se taire et supporter. Unique établissement hospitalier de cette envergure, le CHU mérite une autre situation que celle dans laquelle il se dépêtre. Seule une intervention forte des responsables concernés est en mesure de le faire, et à ce titre, ils sont fortement interpellés.