Le serpent est un animal qui fait peur, s'il est un symbole universel de perfidie et de tentation (Satan a pris sa forme pour chasser le premier couple humain du Paradis), il ne véhicule pas moins, dans de nombreuses cultures, des représentations positives. D'abord, si le serpent suscite l'aversion, c'est parce qu'il se distingue de tous les autres êtres vivants : il n'a pas de membres et ni poils ni plumes ne couvrent son corps, et il n'y a pas de séparation entre sa tête et son corps. En outre, c'est une créature froide, silencieuse, qui étouffe ses victimes avant de les avaler. L'art préhistorique le représente par un trait, continu ou brisé, et cette représentation est sans doute celle qui rend le mieux cet être : une ligne, un trait, mais une ligne ou un trait vivant qui, dans la simplicité de sa forme, peut se mouvoir à son gré. Il est la représentation même de la vie : le serpent ne s'appelle-t-il pas hayya en arabe, mot tiré de la racine HYW, qui signifie «vie». Dans les mythologies de nombreux peuples, le serpent est fils de la nuit, non pas seulement parce que c'est un animal qui chasse la nuit, mais aussi parce qu'il jaillit souvent d'un trou, d'une faille de rocher ou d'une caverne. Il frappe, rapide comme l'éclair, sème la mort, puis retourne à son ombre. Pour cela, le serpent est également le symbole du mystère, discret : on ne peut prévoir ses réactions ni ses décisions. Mais comme il est justement silencieux et peut rester des heures durant sans bouger, il représente aussi la pondération, la patience, voire la sagesse.