La peur que les serpents suscitaient, ainsi que les symboles dont ils étaient entourés expliquent qu'ils aient été pris pour des dieux et qu'on leur rendait un culte. On sait que le culte du serpent était pratiqué par les Berbères dans l'antiquité. Un dieu serpent figure dans plusieurs dédicaces, comme la stèle de Cirta représentant un serpent allant vers un autel, avec l'inscription D RAG, qui fournit le nom de la divinité. A Numluli, en Afrique proconsulaire, il y a une autre dédicace à Dracon, à Aïn Guellaâ, au sud de Thignica, également en Afrique proconsulaire, il y a l'inscription à Draconi etc. Ce dieu, adoré ainsi dans plusieurs régions, s'appelait Drago ou Draco. Au Ve siècle, les habitants de Tipaza adoraient un serpent de bronze que Sainte Salsa avait jeté à la mer, ce qui devait entraîner sa mise à mort. Aujourd'hui encore, des toponymes attestent de cette vénération (ou peur) du serpent : Aïn Hanèche, célèbre station préhistorique dans la région de Sétif, Ifigha, nom de village en Kabylie, etc. Ce dernier nom, qui est le nom courant du serpent dans plusieurs dialectes berbères, n'est plus en usage aujourd'hui en kabyle où il a été remplacé par un terme secondaire, azrem, à rapprocher de az'rem, «boyau», jugé sans doute moins dangereux.