Expositions n Les artistes photographes Amirouche et Nacer Medjkane ont conjointement organisé deux expositions de photographies d'art à la galerie de l'espace Noun, à la rue Debussy. Les murs de l'espace du premier étage étaient garnis de quelques séries de photos occupant chacune une partie de la salle. Elles ont pour point commun leur ancienneté. L'époque où elles ont été prises se situe entre les années 1970 et 2000. A l'exception de ce rapprochement, les deux expositions se distinguent par les thématiques abordées et les techniques propres à chacun des artistes même si sur toile de fond, elles sont de facture réaliste et représentent une vision grossie à travers le prisme des sensibilités de la réalité sociale algérienne dans une sorte de déroulement historique. Chez Nacer Medjkane, la technique du noir et blanc est privilégiée par rapport à la couleur (1 seul tableau en couleur). Les photographies sont toutes l'expression directe du fait social à travers le faisceau de la réalité telle que perçue par chacun. Dans Zemmouri, jour de grève (2002), Parc d'attractions Alger (1983), Alger, rue de la Liberté, Hôpital Frantz-Fanon (2001), ce sont quelques lieux symboliques qui s'attachent à un thème crucial de l'actualité. La transparence du sujet traité est à peine suggérée tout au moins préfigure-t-elle l'axe de recherche sur lequel l'artiste, la plaçant dans un contexte socio-historique précis, est loin d'être neutre. Elle semble être l'expression supérieure d'un regard réaliste, voire engagé de l'artiste, sa sensibilité étant pour ainsi dire reléguée au second plan. Tout aussi différent est l'univers particulier que proposent les images photographiées de Amirouche. Tout en cumulant plusieurs périodes de la vie de l'artiste, ces tableaux marquent l'empreinte indélébile de l'artiste dont la sensibilité est celle d'un écorché vif. S'imprégnant au contraire des effets contractés de couleurs vives entre un rouge criard et un jaune feu, les photographies, tout en reproduisant dans un arrière-plan des visages, des objets, traduisent une iconographie du geste. Chez cet artiste qui retravaille à sa manière la réalité sociale, la lumière — du moins le jeu des faisceaux — tente continuellement de suggérer le mouvement. La série de 9 tableaux : Exode (1970/1980), L'instant d'après (1970/2000), Transfigurations (1980/1990) sont un aller-retour entre la réalité du moment et la vérité contenue dans le message visuel. Ainsi Les mains est une remarquable composition de l'artiste. Le mouvement des mains roulant le couscous traduit l'image circulaire de la terre tournant sur elle-même. Parallèlement à ces expositions, se tient celle des tableaux de peinture de Halima Lamine. Corps et visages de femmes expriment une sensibilité à mi-chemin entre un surréalisme-baroque où se lit en filigrane l'influence de Picasso. L'ensemble offre une matière travaillée avec un beau mélange de couleurs sombres et claires. Une aura de spiritualité et de poésie (l'artiste dédie une de ses toiles au grand Charles Baudelaire) se dégage à travers les sujets.