Résumé de la 44e partie n L'absence prolongée d'Ethel provoque de sérieux soucis à Neeve. Cette dernière est convaincue qu'un malheur lui est arrivé. Neeve lui fit une grimace, exaspérée de ce qu'il ne prit pas son inquiétude au sérieux, mais heureuse de lui trouver ce ton badin. La fenêtre de la cuisine était entrouverte et laissait passer la brise qui soufflait de l'Hudson. Un léger effluve marin masquait presque les habituelles vapeurs des pots d'échappement des milliers de voitures qui roulaient sur la voie express Henry-Hudson. La neige fondait avec la même rapidité qu'elle était apparue. Le printemps flottait dans l'air et c'était peut-être pour cette raison que Myles semblait avoir retrouvé son tonus. A moins qu'il n'y ait autre chose ? Neeve se leva, se dirigea vers la cuisinière, prit la cafetière et emplit à nouveau leurs deux tasses. «Tu parais d'humeur bagarreuse, aujourd'hui, fit-elle remarquer. Cela signifie-t-il que tu as cessé de te ronger les sangs au sujet de Nicky Sepetti ? — Disons simplement que j'ai parlé à Herb et que je suis content que Nicky ne puisse se brosser les dents sans qu'un de nos gars jette un coup d'œil dans sa bouche. — Je vois.» Neeve préféra ne pas poser de plus amples questions. «Bon, du moment que tu arrêtes de te faire du souci pour moi.» Elle regarda sa montre. «Je dois y aller.» A la porte de la cuisine, elle hésita. «Myles, je connais la garde-robe d'Ethel comme ma poche ; Ethel s'est volatilisée jeudi ou vendredi par un froid glacial, sans manteau. Peux-tu expliquer ça ?» Myles s'était plongé dans la lecture du Times. Il reposa son journal, l'air patient. «Jouons aux suppositions, proposa-t-il. Supposons qu'Ethel ait vu un manteau dans la vitrine d'une autre boutique et décidé que c'était exactement ce dont elle rêvait.» Le jeu des «suppositions» avait commencé un jour où Neeve, alors âgée de quatre ans, avait pris sans autorisation une bouteille de Coca. Elle avait levé la tête derrière la porte ouverte du réfrigérateur, où elle buvait avec délices la dernière goutte, et vu Myles qui la regardait d'un air sévère. «J'ai une bonne idée, Papa, avait-elle dit à la hâte. Si on jouait aux suppositions ? Supposons que le Coca est du jus de pomme.» Neeve se sentit soudain ridicule. «Voilà pourquoi tu-es policier et pourquoi je dirige une boutique de mode», dit-elle. Mais le temps de prendre une douche et d'enfiler une veste épaulée de cachemire chocolat, avec des poignets à revers, sur une jupe droite de lainage noir, elle avait repéré la faille dans le raisonnement de Myles. Il y a longtemps que le Coca ne se transformait plus en jus de pomme et aujourd'hui elle aurait parié toute sa fortune qu'Ethel n'avait pas acheté un manteau ailleurs que chez elle. Le mercredi matin, Douglas Brown se réveilla tôt et commença à prendre ses aises dans l'appartement d'Ethel. A son retour du travail, la veille au soir, il avait eu l'agréable surprise de le trouver briqué comme un sou neuf et aussi raisonnablement rangé que possible, étant donné les piles de papiers d'Ethel. Il avait déniché quelques plats surgelés dans le congélateur, choisi des lasagnes et siroté une bière fraîche pendant qu'elles réchauffaient. Le poste de télévision d'Ethel était un de ces énormes modèles d'un mètre de large et il avait installé un plateau dans le living-room et mangé tout en regardant le programme. (à suivre...)