Résupmé de la 68e partie n Tse-Tse informe Neeve qu'elle a trouvé des billets de banque - qui n'étaient pas là auparavant -disséminés un peu partout dans l'appartement. Ethel serait-elle revenue ? Il arriva dans la rue d'Ethel, effleura du regard les passants, espérant ne pas rencontrer les visages familiers des voisins d'Ethel. Comme il atteignait son immeuble, le sentiment de détresse qui l'étreignait se transforma en désespoir. Il ne pouvait même pas essayer de voler une lettre sans se mettre dans le pétrin. Il fallait une clef pour entrer dans le hall où se trouvaient les boîtes aux lettres. La veille, cette insupportable gamine lui avait ouvert la porte. Maintenant, il lui faudrait sonner pour appeler le gardien, et il n'y avait pas une chance que ce dernier le laisse tripoter la boîte aux lettres d'Ethel. Il se tenait devant l'immeuble. L'entrée de l'appartement d'Ethel était de plain-pied sur la rue, à gauche. Une douzaine de marches conduisaient à l'entrée principale. Comme il restait planté là, immobile, hésitant, la fenêtre du troisième étage s'ouvrit. Une femme se pencha. Derrière son épaule, il aperçut le visage de la gamine à qui il avait parlé la veille. «On ne l'a pas vue de toute la semaine, lui cria une voix stridente. Et écoutez, j'ai failli appeler les flics jeudi dernier quand je vous ai entendu crier contre elle.» Seamus fit demi-tour et s'enfuit, haletant, courant sans rien voir le long de West End Avenue. Il ne s'arrêta pas avant d'être en sécurité chez lui et d'avoir verrouillé la porte. C'est alors seulement qu'il prit conscience des battements de son cœur, du bruit rauque de sa respiration dans sa poitrine. A sa grande consternation, il entendit des pas dans le couloir en provenance de la chambre. Ruth était déjà rentrée. Il s'essuya fébrilement le visage de la main, s'efforçant de se ressaisir. Ruth ne sembla pas remarquer son agitation. Elle tenait son costume brun sur son bras. «Je vais le porter chez le teinturier, lui dit-elle. Peux-tu avoir la gentillesse de me dire pourquoi diable tu as un billet de cent dollars dans la poche ?» Jack Campbell resta dans son bureau pendant près de deux heures après le départ de Neeve. Mais le manuscrit qu'un agent littéraire venait de lui faire parvenir avec un commentaire enthousiaste ne retenait décidément pas son attention. Après de vaillants efforts pour s'intéresser à l'intrigue, il finit par le repousser de côté avec un geste d'agacement inhabituel. Il s'en voulait. Il était injuste de juger le travail de quelqu'un quand votre esprit était à quatre-vingt-dix pour cent préoccupé par autre chose. Neeve Kearny. C'est drôle, six ans auparavant, le regret l'avait effleuré de ne pas lui avoir demandé son numéro de téléphone. Il avait même cherché dans l'annuaire de Manhattan lors d'un séjour à New York, quelques mois plus tard. Il y avait des pages entières de Kearny. Aucun accompagné du prénom Neeve. Elle lui avait parlé d'une boutique de mode. Il avait regardé sous la rubrique confection. Rien. Puis il avait chassé le souvenir, le reléguant dans un coin de son cerveau. Pour ce qu'il en savait, elle vivait avec quelqu'un. Mais pour une raison ou pour une autre, il ne l'avait jamais totalement oubliée. Au cocktail, lorsqu'elle s'était approchée de lui, il l'avait immédiatement reconnue. Ce n'était plus la jeune fille de vingt et un ans dans son pull-over de ski. C'était une jeune femme sophistiquée, habillée avec élégance. (à suivre...)