Résumé de la 2e partie n Des cousins jaloux à tel point qu'ils font appel à la vieille Settoute qui concocte un plan pour se débarrasser à jamais du jeune prince Ahmed. Cette opération accomplie, elle fit semblant d'être absorbée par une profonde méditation. Or, dans le même temps, arriva le prince, désireux de faire boire son cheval. Il pria poliment la vieille d'écarter ses outres pour permettre au cheval d'atteindre l'abreuvoir. Faisant la sourde oreille, Settoute ne broncha pas. Le prince renouvela plusieurs fois sa prière, mais Settoute ne lui répondait toujours pas, absorbée par sa fausse méditation. Alors, perdant toute patience, le prince fit avancer son cheval qui piétina toutes les outres qui se trouvaient sur son passage. Il les creva et Settoute, qui n'attendait que cela, retrouva brusquement l'usage de sa langue. Pourquoi tant d'arrogance, prince ! Tu n'es pas, que je sache, l'amant de la belle Rdah pour autoriser ton cheval à marcher sur mes outres. Ahmed reçut ces paroles comme un soufflet. Sans même faire boire son cheval, il revint sur ses pas et gagna rapidement ses appartements. Il se coucha en disant qu'il se trouvait mal. Inquiet au plus haut point, le sultan voulait appeler au chevet de son fils les plus illustres médecins du pays. — N'entreprends rien de tel, père. Un simple bouillon, préparé par grand-mère Settoute en ma présence, suffira pour me guérir. Devant une proposition si étrange, le sultan marqua son étonnement. — Si tu as envie de bouillon, pourquoi donc exiges-tu qu'il soit préparé par une souillon de l'acabit de Settoute. Nous possédons au palais les meilleures cuisinières du pays. — Non, père. Je tiens à ce que mon bouillon soit apprêté par Settoute, et devant mes yeux. Ordonne qu'on la fasse venir sans tarder. Je me sens mal. Pour ne pas accentuer le mal de son unique enfant, le sultan manda la vieille Settoute. On mit à sa disposition toutes les choses que requérait la préparation d'un bon bouillon, puis on la laissa tête à tête avec le malade. La vieille se mit aussitôt à l'œuvre. Le prince ne dit rien, mais quand le bouillon lui fut servi, tout brûlant, il détourna habilement l'attention de la cuisinière pour laisser tomber dans le plat une poignée de charbon. — Grand-mère Settoute, je ne sais ce qu'il y a dans le bouillon, c'est tout noir ; on dirait du charbon, s'écria-t-il soudainement en feignant la surprise. En même temps, il s'arrangea pour cacher derrière lui la cuiller et la louche. Settoute se pencha sur le bouillon avec angoisse. Mon Dieu ! Quel malheur ! C'est bien du charbon. Mais qu'attends-tu pour le retirer ! s'exclama le prince en fronçant les sourcils de mécontentement. Mon bouillon va perdre toute saveur, et, moi, j'ai faim. — Mais je ne vois ni louche, ni cuiller. Comment faire pour enlever ce charbon ? répondit Settoute, gagnée par l'affolement. — Fais-le avec tes doigts, ordonna le prince impérativement. Settoute plongea deux doigts dans le bouillon, mais le prince lui saisit vigoureusement le poignet et lui enfonça toute la main dans le liquide encore brûlant. Elle se mit alors à hurler de douleur, et le prince lui dit : — Je te lâcherai la main seulement lorsque tu m'auras dit dans quel pays réside la belle Rdah. (à suivre...)