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Tlemcen
Aux origines du carnaval d'Ayrad
Publié dans Info Soir le 15 - 01 - 2007

Célébration n Le traditionnel carnaval d'Ayrad, qui coïncide avec la célébration de Yennayer, constitue une fête populaire très ancienne des Béni Snouss, marquée par plusieurs mythes.
Cette manifestation culturelle tire ses origines de l'histoire ancienne de la région des Beni Snouss, au temps des guerres et des batailles que se livraient les autochtones, les Romains, les Numides et les Pharaons. L'hypothèse, selon laquelle ce carnaval qui durait trois jours consécutifs marquant la victoire du roi Chachnak sur le roi Juba 1 de Mauritanie, est la plus «raisonnable», selon l'écrivain Mohamed Saridj, auteur du livre Verveine fanée. A partir de ces guerres, dira le même auteur, «la naissance du carnaval d'Ayrad (lion en amazigh), qui symbolisait la victoire et la paix, eut lieu afin de fêter sa fondation». Partout dans les localités du canton snoussi, les habitants célébraient cette date.
Ce carnaval a différentes appellations. Au village de Tafessra, on l'appelait «Cheikh Bouguernane», alors qu'aux villages de Béni Achir, Sid El-Arbi et Aït Moussa, on parlait de «Kraâ Kriaâ», mais l'ensemble, selon la même source, «convergeait vers la distraction et le spectacle, une fois tous les ans», indique M. Saridj. Dans tous les foyers, ajoutera-t-il, «en plus de la préparation du m'ssemène, du sfendj, du trid, du khringo et autres gâteaux traditionnels, les femmes préparaient aussi des galettes piquées d'amandes et de noix». La population accueillait ce spectacle avec grand enthousiasme.
Durant quelques minutes, des personnes volontaires déguisées, dont obligatoirement une femme «l'bia» (la lionne) portant une tenue de femme au foyer, faisaient irruption, au rythme nourri du bendir, dans quelques maisons choisies au hasard.
La légende, dira cet écrivain, veut que «l'bia», dansant au rythme du bendir, chute brusquement et crie à l'intérieur de l'une des maisons choisie, poussant ainsi Ayrad (le lion), sous le coup de la colère, à balayer tout sur son passage à l'exception de ses compagnons, les lionceaux. «Toute la foule, encore sous le choc du drame, reste silencieuse, attendant la trame de l'histoire.
C'est à ce moment-là que Ayrad, à l'aide de son grand bâton qu'il frotte contre le sol pour dégager le terrain, prépare la piste de danse à la lionne». Une fois sur pied, l'bia reprend la danse.
En chantant en chœur : «A moulay-djerouane ou dor ouaâkele» qui signifie, selon la même source, «Patron des lionceaux, tourne et danse», la patronne de la maison se précipite vers la pièce où sont stockés les vivres pour ramener une poignée de denrées alimentaires et la verser dans un sac.
Le carnaval, qui se poursuivait jusqu'à une heure tardive dans les maisons du village, prenait fin, selon M. Saridj, «par la distribution, dans le secret le plus total, du ravitaillement collecté aux nécessiteux, aux vieux pauvres, aux handicapés et aux veuves sans ressources».
«Le spectacle durait trois jours avant de s'achever par la lecture de la Fatiha sur la place publique où tous les habitants se rassemblait pour prier Dieu, Le Tout-Puissant, de guérir les malades, d'enrichir les pauvres et de bénir l'humanité en général avant de se disperser».


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