La Cinémathèque d'Oran a abrité, hier, la projection en avant-première d'un film traitant de l'épineuse question de l'émigration clandestine. Intitulé Visa de la mort, ce long-métrage du jeune réalisateur oranais Dellal Samir est inspiré de faits réels et tourné en intégralité dans la ville d'Oran. Quoi de mieux, en effet, que de retracer le quotidien d'un groupe de «harragas» pour aborder le phénomène sous ses différents aspects. Le jeune cinéaste nous raconte, donc, les péripéties de jeunes Algériens voulant quitter le pays à tout prix, leur rendez-vous avec un passeur sur une plage du littoral oranais jusqu'à leur sauvetage en mer par les gardes-côtes et leur transfert à l'hôpital. Kouider, le personnage principal, raconte, en flash-back, sa mésaventure à son voisin de chambre dans cette structure de santé. Ayant perdu son emploi et sa fiancée qui a opté pour un plus nanti que lui, et ne pouvant subvenir aux besoins de sa mère malade, Kouider n'avait guère le choix. Il sollicite l'aide d'un passeur… En évoquant les conditions sociales et psychologiques qui ont amené le jeune homme à tenter l'aventure, le cinéaste évoque, en fait, un volet important du phénomène de l'émigration clandestine, à savoir les causes profondes qui poussent les jeunes à risquer leur vie sur des embarcations de fortune pour des cieux qu'ils croient, plus cléments. Le jeune réalisateur de 31 ans, qui signe ici son premier long-métrage, a, d'ailleurs, affirmé que Visa de la mort constitue un message destiné aux jeunes, aux parents et à la société en général, pour décrire surtout les préoccupations profondes de ceux qu'on désigne par le néologisme de «harragas». Le film sera également projeté lors de deux prochains Festivals du cinéma et de la vidéo en France. En somme, il s'agit d'une initiative qui ne pouvait mieux tomber puisque intervenant au moment où le phénomène prend de plus en plus d'ampleur avec ces dizaines de harragas secourus chaque semaine au large de nos côtes. Pas plus tard qu'hier, dix jeunes ont été sauvés par les gardes-côtes au large d'El-Kala.