Déchéance n Le bar, lieu de détente, devient, au fil du temps, le lieu de tous les dépassements. Des patrons de bars utilisent, sans scrupules, des filles de joie pour appâter leur clientèle. De l'avis général, les bars sont comme les trottoirs, on y trouve tous les spécimens de la société. Des gens valables, respectueux envers les autres, mais aussi des gens véreux qui ne sont là que pour nuire à l'autre à la moindre occasion. Le premier danger qui guette les clients, notamment à des heures tardives de la nuit, vient de ces «superviseurs», les clients qui consomment tranquillement dans un bar, mais qui, en réalité, sont à la recherche de leur proie. «Ils observent les clients qui ont de l'argent et surtout l'endroit où cet argent est déposé», dira un barman. Au moyen d'un portable, l'information est immédiatement donnée à leurs acolytes qui attendent tranquillement la sortie du client. D'autres voyous, sous des apparences de gentlemen, très souvent correctement habillés, choisissent leur proie. On lui offre à boire et une sympathie se lie entre les deux hommes, puis on lui propose de changer d'endroits et c'est une fois dehors que le forfait est accompli. Le client, ne se doutant de rien, suit son “bourreau'' vers l'endroit choisi. Mais, selon les témoignages, la prostitution est importante dans ces milieux. Souvent, des filles y entrent pour ne plus en sortir. Elles sont prises en charge dès le début par un gentil monsieur qui les influencera puis exercera son chantage sur elles. Une fille de joie, bien que cela ne soit pas visible, souffre le martyre. Elle subit le diktat de son protecteur. Elle est obligée de se donner à celui que ce dernier lui désigne. Le prix d'un «moment agréable» varie entre 5 000 et 10 000 DA. Toutefois, dans cette catégorie, des filles travaillent parfois à leur compte faisant dans l'escroquerie. Souvent, après une soirée, l'une d'elles invite son client dans un hôtel de passe — il y en a plus d'une vingtaine à Alger — qui loue deux chambres, sans se faire inscrire sur le registre. Une fois à l'intérieur, ces filles utilisent la technique des gouttes (drogue). Une fois le client endormi, il est délesté de tous ses objets de valeur et de son argent et il ne peut même pas déposer plainte puisqu'il n'est pas porté sur le registre des clients de l'hôtel. La plupart des barmen ne sont pas des anges, souvent ils dupent leur client une fois qu'ils sentent qu'il est en état d'ivresse. Pour une consommation de 12 000 DA, ils exigent le double. Le client doit payer s'il veut sortir indemne du traquenard. Les barmen trompent aussi le client sur la qualité des boissons, en lui en vendant de mauvaise qualité au prix d'un produit de luxe.