Résumé de la 53e partie n Nicky Sepetti s'apprête à rejoindre son gang lorsque soudainement sa santé se détériore : il respire difficilement. Les visages se mirent à défiler dans un brouillard devant ses yeux. Celui de sa mère : «Nicky, ne traîne pas avec ces voyous. Nicky, tu es un brave garçon. Ne te fourre pas dans des sales histoires.» Se faire accepter par le gang. Tous les coups, petits ou grands. Mais pas les femmes. Cette phrase stupide qu'il avait prononcée au tribunal. Tessa. Il aurait tellement aimé revoir Tessa une fois encore. Nicky Junior. Non, Nicholas. Theresa et Nicholas. Ils seraient heureux qu'il meure dans son lit, comme un gentleman. Dans le lointain, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Sans doute Marie qui rentrait. Puis la sonnette retentit, un son fort et insistant. La voix contrariée de Marie : «Je ne sais pas s'il est à la maison. Que voulez-vous ?» Je suis à la maison, songea Nicky. Ouais. Je suis à la maison. La porte de la chambre s'ouvrit brusquement. A travers un voile, il aperçut le visage bouleversé de Marie, l'entendit hurler : «Allez chercher un médecin.» Les autres visages. Des flics. Ils n'avaient pas besoin d'être en uniforme. Même mourant, il était capable de les sentir. Puis il sut pourquoi ils se trouvaient là. Le poulet qui s'était infiltré, celui qu'ils avaient supprimé. Bien sûr, les flics étaient venus immédiatement vers lui ! «Marie», dit-il. Sa voix jaillit en un murmure. Elle se pencha, mit son oreille contre ses lèvres, lui caressa le front. «Nicky !» Elle pleurait. «Sur... la... tombe de... ma mère…; Je... n'ai pas... ordonné... tuer la femme de Kearny.» Il voulut dire qu'il avait essayé d'enrayer le contrat sur la gosse de Kearny. Mais il parvint seulement à crier : «Mamma» puis un dernier élancement lui perça la poitrine et son regard se voila. Sa tête s'affaissa sur l'oreiller tandis que son râle emplissait la maison, et s'arrêtait brusquement. A combien de gens cette cancanière d'Ethel avait-elle raconté qu'il piquait de l'argent dans les sommes qu'elle cachait dans l'appartement ? La question tourmentait Doug mercredi matin, à son bureau dans l'entrée du Cosmic oil Building. Machinalement, il vérifia les rendez-vous, inscrivit les noms, distribua les cartes plastifiées de visiteurs, les reprit lorsque les gens quittaient l'immeuble. A plusieurs reprises Linda, la réceptionniste du sixième étage, s'arrêta pour bavarder avec lui. Il se montra un peu froid avec elle, ce qui parut éveiller sa curiosité. Que penserait-elle si elle apprenait qu'il était l'héritier d'un paquet de fric ? Où Ethel avait-elle ramassé tout ce pognon ? Il n'y avait qu'une seule réponse. Ethel lui avait raconté qu'elle avait saigné Seamus à blanc quand il avait voulu rompre leur mariage. Outre la pension alimentaire, elle s'en était tirée avec une grosse indemnité qu'elle avait probablement été assez maligne pour bien placer. Et le livre qu'elle avait écrit il y avait cinq ou six ans s'était bien vendu. Sous ses airs d'écervelée, Ethel s'était toujours montrée drôlement perspicace. C'était pour cette raison que Doug n'était pas tranquille. Elle s'était aperçue qu'il lui piquait de l'argent. A combien de personnes l'avait-elle dit ? (à suivre...)