Résumé de la 2e partie n Le loup n'a rien perdu de sa verve pour tenter de convaincre les deux sœurs à lui ouvrir la porte de la maison. Dites donc, Loup, j'avais oublié le petit Chaperon Rouge. Parlons-en un peu du petit Chaperon Rouge, voulez-vous ? Le loup baissa la tête avec humilité. Il ne s'attendait pas à celle-là. On l'entendit renifler derrière la vitre. C'est vrai, avoua-t-il, je l'ai mangé, le petit Chaperon Rouge. Mais je vous assure que j'en ai déjà eu bien du remords. Si c'était à refaire... — Oui, oui, on dit toujours ça. Le loup se frappa la poitrine à l'endroit du cœur. Il avait une belle voix grave. — Ma parole, si c'était à refaire, j'aimerais mieux mourir de faim. Tout de même, soupira la plus blonde, vous avez mangé le petit Chaperon Rouge. Je ne vous dis pas, consentit le loup. Je l'ai mangé, c'est entendu. Mais c'est un péché de jeunesse. Il y a si longtemps, n'est-ce pas ? A tout péché miséricorde... Et puis, si vous saviez les tracas que j'ai eus à cause de cette petite ! Tenez, on est allé jusqu'à dire que j'avais commencé par manger la grand-mère, eh bien ! ce n'est pas vrai du tout. Ici, le loup se mit à ricaner, malgré lui, et probablement sans bien se rendre compte qu'il ricanait. — Je vous demande un peu de compréhension ! manger de la grand-mère, alors que j'avais une petite fille bien fraîche qui m'attendait pour mon déjeuner ! Je ne suis pas si bête... Au souvenir de ce repas de chair fraîche, le loup ne sut se tenir de passer plusieurs fois sa grande langue sur ses babines, découvrant de longues dents pointues qui n'étaient pas pour rassurer les deux petites. — Loup, s'écria Delphine, vous êtes un menteur ! Si vous aviez tous les remords que vous dites, vous ne vous lécheriez pas ainsi les babines ! Le loup était bien penaud de s'être pourléché au souvenir d'une gamine potelée et fondant sous la dent. Mais il se sentait si bon, si loyal, qu'il ne voulut pas douter de lui-même. Pardonnez-moi, dit-il, c'est une mauvaise habitude que je tiens de famille, mais ça ne veut rien dire... — Tant pis pour vous si vous êtes mal élevé, déclara Delphine. Ne dites pas ça, soupira le loup, j'ai tant de regrets. — C'est aussi une habitude de famille de manger les petites filles ? Vous comprenez, quand vous promettez de ne plus jamais manger d'enfants, — c'est à peu près comme si Marinette promettait de ne plus jamais manger de dessert. Marinette rougit, et le loup essaya de protester : — Mais puisque je vous jure... — N'en parlons plus et passez votre chemin. Vous vous réchaufferez en courant. Alors le loup se mit en colère parce qu'on ne voulait pas croire qu'il était bon. — C'est quand même un peu fort, criait-il, on ne veut jamais entendre la voix de la vérité ! C'est à vous dégoûter d'être honnête. Moi je prétends qu'on n'a pas le droit de décourager les bonnes volontés comme vous le faites. Et vous pouvez dire que si jamais je remange de l'enfant, ce sera par votre faute ! En l'écoutant, les petites ne songeaient pas sans beaucoup d'inquiétude au fardeau de leurs responsabilités et aux remords qu'elles se préparaient peut-être. Mais les oreilles du loup dansaient si pointues, ses yeux brillaient d'un éclat si dur, et ses crocs entre les babines retroussées, qu'elles demeuraient immobiles de frayeur. (à suivre...)