Résumé de la 1re partie Tout au long de son chemin dans les buissons, la jeune fille a peur du vide : tout est désert, tout est sombre. «C'est le loup !, se dit-elle dans un grand éclat de rire. Et moi je suis le Petit chaperon rouge !» Tout le monde sait à quoi servent ces petites phrases qu'on prononce dans les moments d'inquiétude pour se rassurer. Surtout à quinze ans ! Elle se remit en marche. Quand elle regarda de nouveau la haie, les yeux avançaient à la même allure. Djamila lança un caillou, pour voir? Arrêtés à sa hauteur, les yeux ne cillèrent pas. Elle lança alors une petite pierre, sans plus de succès. «Mais c'est quoi cette bête, à la fin !» Elle fit mine de s'avancer : les yeux disparurent sans que Djamila ait entendu un seul bruit de fuite. «Bon vent !», cria-t-elle. Avant la maison de sa grand-mère se trouvait une demeure qui n'était plus habitée que par des corbeaux et des chouettes depuis la mort de son occupante, il y a de cela deux ans. Pourtant quelque chose grinça quand Djamila passa devant ? Sans doute était-ce la porte de l'appentis qui allait et venait sur ses vieux gonds rouillés, poussée par le vent. Seulement voilà : il n'y avait pas de vent ! Un chien aboya. Cette maison, Djamila la connaissait depuis son enfance, puisqu'elle la voyait à chaque période de vacances passée ici. Aussi y entra-t-elle sans hésitation pour comprendre ce qui faisait bouger la porte et surtout pourquoi aujourd'hui elle n'était pas attachée. Les yeux étaient dedans ; ils la regardaient entrer. Deux triangles seuls, sans rien autour. Elle recula, terrifiée. Sa course folle jusqu'à la maison de sa grand-mère se heurta contre la porte fermée. «Mamy ouvre !? vite, ouvre !» Quand Djamila comprit que la maison était vide, elle se força à se retourner : les yeux n'étaient pas encore arrivés. «La buanderie !», pensa-t-elle. Elle s'y rua, s'y reprit à deux fois pour faire glisser la cale qui en bloquait la porte et se cacha derrière une pile de bois où elle attendit, le regard rivé sur l'entrée. (à suivre...)