Résumé de la 4e partie n La persévérance du loup a eu l'effet escompté. A l'intérieur de la maison, il joue et rit avec les deux sœurs. Mais, la faim le tenaille. Je n'aurais pas cru que c'était si amusant de jouer, disait-il. Quel dommage qu'on ne puisse pas jouer comme ça tous les jours ! — Mais, Loup, répondaient les petites, tu reviendras. Nos parents s'en vont tous les jeudis après-midi. Tu guetteras leur départ et tu viendras taper au carreau comme tout à l'heure. Pour finir, on joua au cheval. C'était un beau jeu. Le loup faisait le cheval, la plus blonde était montée à califourchon sur son dos, tandis que Delphine le tenait par la queue et menait l'attelage à fond de train au travers des chaises. La langue pendante, la gueule fendue jusqu'aux oreilles, essoufflé par la course et par le rire qui lui faisait saillir les côtes, le loup demandait parfois la permission de respirer. — Pouce ! disait-il d'une voix entrecoupée. Laissez-moi rire... Je n'en peux plus... Ah ! non laissez-moi rire ! Alors, Marinette descendait de cheval. Delphine lâchait la queue du loup et, assis par terre, on se laissait aller à rire jusqu'à s'étrangler. La joie prit fin vers le soir, quand il fallut songer au départ du loup. Les petites avaient envie de pleurer, et la plus blonde suppliait : — Loup, reste avec nous, on va jouer encore. Nos parents ne diront rien, tu verras... — Ah non ! disait le loup. Les parents, c'est trop raisonnable. Ils ne comprendraient jamais que le loup ait pu devenir bon. Les parents, je les connais. — Oui, approuva Delphine, il vaut mieux ne pas t'attarder. J'aurais peur qu'il t'arrive quelque chose. Les trois amis se donnèrent rendez-vous pour le jeudi suivant. Il y eut encore des promesses et de grandes effusions. Enfin, lorsque la plus blonde lui eut noué un ruban bleu autour du cou, le loup gagna la campagne et s'enfonça dans les bois. Sa patte endolorie le faisait encore souffrir, mais, songeant au prochain jeudi qui le ramènerait auprès des deux petites, il fredonnait sans souci de l'indignation des corbeaux somnolant sur les plus hautes branches : Compère Guilleri, Te laisseras-tu mouri... En rentrant à la maison, les parents reniflèrent sur le seuil de la cuisine. Nous sentons ici comme une odeur de loup dirent-ils. Et les petites se crurent obligées de mentir et de prendre un air étonné, ce qui ne manque jamais d'arriver quand on reçoit le loup en cachette de ses parents. — Comment pouvez-vous sentir une odeur de loup ? protesta Delphine. Si le loup était entré dans la cuisine, nous serions mangées toutes les deux. — C'est vrai, accorda son père, je n'y avais pas songé. Le loup vous aurait mangées. Mais la plus blonde, qui ne savait pas dire deux mensonges d'affilée, fut indignée qu'on osât parler du loup avec autant de perfidie. — Ce n'est pas vrai, dit-elle en tapant du pied, le loup ne mange pas les enfants, et ce n'est pas vrai non plus qu'il soit méchant. La preuve... Heureusement que Delphine lui donna un coup de pied dans les jambes, sans quoi elle allait tout dire. Là-dessus, les parents entreprirent tout un long discours où il était surtout question de la voracité du loup. La mère voulut en profiter pour conter une fois de plus l'aventure du petit Chaperon Rouge, mais, aux premiers mots qu'elle dit, Marinette l'arrêta. — Tu sais, maman, les choses ne se sont pas du tout passées comme tu crois. Le loup n'a jamais mangé la grand-mère. Tu penses bien qu'il n'allait pas se charger l'estomac juste avant de déjeuner d'une petite fille bien fraîche. (à suivre...)