Résumé de la 1re partie n Les deux sœurs sont averties par leurs parents qui leur demandent de n'ouvrir à personne. Un loup se présente à leur porte, que vont-elles faire ? Les petites se regardaient avec un peu de surprise. Elles n'auraient jamais soupçonné que le loup pût avoir une voix aussi douce. Déjà rassurée, la plus blonde fit un signe d'amitié, mais Delphine, qui ne perdait pas si facilement la tête, eut tôt fait de se ressaisir. Allez-vous-en, dit-elle, vous êtes le loup. Vous comprenez, ajouta Marinette avec un sourire, ce n'est pas pour vous renvoyer, mais nos parents nous ont défendu d'ouvrir la porte, qu'on nous prie ou qu'on nous menace. Alors le loup poussa un grand soupir, ses oreilles pointues se couchèrent de chaque côté de sa tête. On voyait qu'il était triste. Vous savez, dit-il, on raconte beaucoup d'histoires sur le loup, il ne faut pas croire tout ce qu'on dit. La vérité, c'est que je ne suis pas méchant du tout. Il poussa encore un grand soupir qui fit venir les larmes dans les yeux de Marinette. Les petites étaient ennuyées de savoir que le loup avait froid et qu'il avait mal à une patte. La plus blonde murmura quelque chose à l'oreille de sa sœur, en clignant de l'œil du côté du loup, pour lui faire entendre qu'elle était de son côté, avec lui. Delphine demeura pensive, car elle ne décidait rien à la légère. — Il a l'air doux comme ça, dit-elle, mais je ne m'y fie pas. Rappelle-toi «Le loup et l'agneau... L'agneau ne lui avait pourtant rien fait. Et comme le loup protestait de ses bonnes intentions, elle lui jeta par le nez : — Et l'agneau, alors ?... Oui, l'agneau que vous avez mangé. Le loup n'en fut pas démonté. — L'agneau que j'ai mangé, dit-il. Lequel ? Il disait ça tout tranquillement, comme une chose toute simple et qui va de soi, avec un air et un accent d'innocence qui faisaient froid dans le dos. — Comment ? vous en avez donc mangé plusieurs ! s'écria Delphine. Eh bien ! c'est du joli ! — Mais naturellement que j'en ai mangé plusieurs. Je ne vois pas où est le mal... Vous en mangez bien, vous ! Il n'y avait pas moyen de dire le contraire. On venait justement de manger du gigot au déjeuner de midi. — Allons, reprit le loup, vous voyez bien que je ne suis pas méchant. Ouvrez-moi la porte, on s'assiéra en rond autour du fourneau, et je vous raconterai des histoires. Depuis le temps que je rôde au travers des bois et que je cours sur les plaines, vous pensez si j'en connais... Rien qu'en vous racontant ce qui est arrivé l'autre jour aux trois lapins de la lisière, je vous ferais bien rire. Les petites se disputaient à voix basse. La plus blonde était d'avis qu'on ouvrît la porte au loup, et tout de suite. On ne pouvait pas le laisser grelotter sous la bise avec une patte malade. Mais Delphine restait méfiante. — Enfin, disait Marinette, tu ne vas pas lui reprocher encore les agneaux qu'il a mangés. Il ne peut pourtant pas se laisser mourir de faim ! — Il n'a qu'à manger des pommes de terre, répliquait Delphine. Marinette se fit si pressante, elle plaida la cause du loup avec tant d'émotion dans la voix et tant de larmes dans les yeux, que sa sœur aînée finit par se laisser toucher. Déjà Delphine se dirigeait vers la porte. Elle se ravisa dans un éclat de rire et, haussant les épaules, dit à Marinette consternée : — Non, tout de même, ce serait trop bête ! Delphine regarda le loup bien en face. (à suivre...)