Aveu n Le ministre des Finances a estimé que le scandale Khalifa a constitué un coup dur pour l'image du pays à l'étranger. Le passage de Mourad Medelci à la barre du tribunal de Blida aura été le le fait le plus poignant depuis l'ouverture du procès Khalifa. Au-delà, en effet, des éclaircissements apportés sur de nombreuses zones d'ombre du dossier, notamment la mystérieuse disparition d'un rapport de la Banque d'Algérie, le témoignage du ministre des Finances aura, surtout, permis d'avoir les premiers éléments qui permettent de comprendre la croissance vertigineuse du groupe créé par le Golden boy. «C'est simple, répond Medelci à une question de la présidente du tribunal. Le pays sortait d'un système de gestion et évoluait vers un autre. Il fallait faire appel à d'autres investisseurs, d'autres capitaux. Khalifa est apparu à ce moment comme un capitaine d'industrie. Il fallait l'aider, le soutenir, l'accompagner. Malheureusement son objectif était différent de celui auquel nous nous attendions.» Dans le transfert de capitaux, par exemple, «un millier d'opérateurs a eu le soutien de l'Etat, mais un seul avait de mauvaises intentions», explique-t-il. Khalifa a, donc, saisi l'opportunité du passage du pays à l'économie de marché et les innombrables facilités accordées aux investisseurs pour tromper tout le monde. Le témoin affirme assumer sa part de responsabilité et reconnaît qu'il avait manqué d'intelligence, autrement il aurait eu «la présence d'esprit d'agir à temps». «Que voulez-vous, nul n'est parfait», concède-t-il plus loin avant d'affirmer carrément ne pas être fier puisque le scandale a été «un coup dur pour l'image du pays à l'étranger». Concernant le fameux rapport adressé en novembre 2001par le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie au ministre des Finances qui l'aurait égaré, Mourad Medelci nie cette disparition et renvoie la balle à son successeur, Mohamed Terbèche, qui «aurait trouvé le rapport s'il s'était adressé au directeur de cabinet». Au sujet du placement de sommes faramineuses par des institutions publiques chez Khalifa Bank, il y a eu effectivement, toujours selon le premier argentier du pays, entorse à la loi qui interdisait aux organismes publics de procéder au transfert de leurs fonds du Trésor. «La responsabilité incombe à ceux qui ont pris la décision de retirer l'argent et de le placer chez Khalifa», se défend-il. L'autre révélation fracassante de Mourad Medelci est celle relative à sa rencontre, en 2001, avec le principal accusé qui aurait tenté d'obtenir son appui pour l'acquisition d'une banque en Allemagne. «Je n'aurais même pas accepté de le recevoir si j'avais été mis au courant de ses agissements», tient, toutefois, à préciser le ministre.