Risques ? n L'adhésion de l'Algérie à l'OMC suscite toujours des inquiétudes, vu la fragilité de l'économie nationale, qui dépend entièrement des hydrocarbures et les retombées que pourrait avoir une telle «aventure»… La plus importante richesse de l'Algérie, le pétrole, serait-elle un «facteur» qui retarderait son adhésion à l'OMC ? Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, la réponse est oui ! En tout cas, c'est l'avis du chef de la branche diplomatie et négociations commerciales, Mme Mina Mashayekhi. «Le statut de pays producteur-exportateur de pétrole ne facilite pas à l'Algérie la conclusion rapide de son accession à l'OMC, car on va encore lui exiger le préalable d'ouvrir davantage ses services énergétiques à la concurrence», avait déclaré Mme Mashayekhi. A l'instar d'autres pays pétroliers qui ont déjà accédé à l'OMC, l'Algérie «recevra certainement des requêtes dans le sens d'une ouverture conséquente dans le domaine des services relatifs au secteur de l'énergie» avant d'être admise au sein de l'organisation, a-t-elle expliqué lors du séminaire international sur la diplomatie commerciale et l'accès à l'OMC, qui se tient à Alger. En outre, la question du double prix de l'énergie pratiqué en Algérie, notamment celui du gaz cédé aux industries locales, «demeure, comme ce fut le cas pour la Russie et l'Arabie saoudite, un problème qu'il y a lieu d'aborder pour ne pas compromettre les intérêts des opérateurs économiques locaux», a-t-elle ajouté. L'Algérie, qui s'attelle depuis quelques années à réhabiliter son tissu industriel, a expliqué cette responsable, ne va pas compromettre les intérêts de ses entreprises, notamment les PME, en imposant un prix unique de l'énergie juste pour hâter son entrée à l'OMC. Cependant, l'Algérie, qui cumule «la plus longue négociation dans l'histoire des accessions, doit reprendre ces négociations afin d'aplanir les difficultés restantes et surmonter les facteurs de blocage dans le domaine des services, de l'agriculture et de la protection intellectuelle», a-t-elle précisé. Concernant toujours les craintes que suscite la probable adhésion de l'Algérie à l'OMC, un expert de la Cnuced, Ralf Peters, a estimé, mardi, à Alger que «l'Algérie, trop dépendante des importations alimentaires, risque de payer encore plus cher sa facture alimentaire, dans l'hypothèse d'une plus grande libéralisation du commerce international des produits agricoles, constamment demandée par les pays membres de l'OMC». Selon lui, le secteur agricole algérien «n'est pas très compétitif et ne peut pas bénéficier des avantages comparatifs du fait que 50 % des produits alimentaires sont importés», a-t-il expliqué. Dans le cas d'une plus grande libéralisation que déciderait l'OMC, les prix augmenteront, mais cela peut être à l'avantage, non pas des importateurs, mais des producteurs-exportateurs, a-t-il ajouté. Pour cet expert, il y a deux effets attendus pour les agriculteurs algériens, au fur et à mesure que le soutien des Etats aux produits agricoles s'amenuise : d'une part, une hausse vertigineuse des produits frais et, d'autre part, cela va inciter les producteurs à saisir des opportunités réelles d'exportations. L'Algérie, dont la première demande d'adhésion au GATT (ancêtre de l'OMC) remonte à 1987, en est à son 9e round des négociations pour son accession à l'OMC.