Il est vrai que la durée est nécessaire pour mettre en place une industrie orientée à la fois vers les exportations et vers la substitution aux importations, avec l'accent porté plutôt vers le marché intérieur. La production nationale longtemps attendue pour la substituer aux importations, n'est pas encore là et ne promet pas d'être là même à terme. C'est tout le futur du développement qui est mis en péril si pendant ce temps là, notre marché intérieur est livré à une concurrence étrangère dont l'issue est connue d'avance. Tout axer sur les importations grâce à la capacité du pays à s'élever au rang de bon client ou se démener à créer des capacités de production avec pour objectif de produire en substitution aux importations ? Il est sûrement plus difficile de développer un programme de production que celui d'importation. Il y a seulement à constater que le pied sur l'accélération des importations n'a pas été trop levé et l'Algérie a frôlé le danger d'une balance des paiements négatives n'eût été le baril de pétrole qui est arrivé à son secours pour la sortir de ce péril. Les entreprises qui exportent devraient normalement avoir la priorité sur celles qui importent. Dès l'amorce de son premier mandat, le Président avait tout dit sur le programme qu'il voudrait faire appliquer, à savoir celui de réunir toutes les conditions devant permettre de réaliser le développement du pays. Mais, si notre entrée dans l'économie de marché se soumet aux règles du libre échange, sans doute que nous risquerions de perdre tout notre appareil de production nationale. Si les pays développés se plaignent toujours quand ils enregistrent une balance des paiements négative, un tel constat devrait susciter bien des soucis pour nous s'il est réédité dans notre balance commerciale qui est équilibrée ou parfois rendue positive par l'apport des recettes provenant à la fois de la vente des hydrocarbures et du prix du baril de pétrole. Au moins trois implications en sont conjurées, à savoir une totale dépendance des importations, l'absence de succès du programme de substitution aux importations, et également notre totale dépendance des recettes des hydrocarbures. Tout tourne donc autour du pétrole et de la Sonatrach. Bien des questions devraient alors se poser. La question prioritaire est de savoir pourquoi ne serait-il pas possible de doper nos exportations à l'étranger et pourquoi y a-t-il tant d'entreprises d'importation et pas assez d'entreprises d'exportation ? La question pourrait se poser également d'une autre façon. Serait-ce qu' n'y a pratiquement rien à exporter, ce qui expliquerait la timidité de nos exportateurs ? Nous demandons en principe à nos entreprises de générer de la devise au lieu d'en exporter, quand on sait que les entreprises des deux secteurs, public et privé, fonctionnent principalement grâce aux devises provenant de la vente des hydrocarbures. Combien de dollars faudrait il dépenser dans les "intrants" des produits à exporter pour gagner un dollar de recettes à l'exportation ? il faudrait se demander s'il ne vaudrait pas mieux soumettre ces entreprises à des contrats de performance ? Ne vaudrait-il pas mieux également imposer aux entreprises dites "import-export" d'exporter plus qu'elles n'importent, au moins à la parité ? Nous ne sommes pas bien sûr dans la situation des pays qui ont créé de la richesse et qui exportent car ils sont relativement bien avancés dans le domaine de la technologie, mais les questions à se poser devraient quand même être les mêmes compte tenu de la soumission des économies mondiales aux mêmes règles du jeu économique. Sans une réelle implication positive sur le développement, pratiquement toute la partie "importations" ne sera plus que l'équivalent d'un gigantesque PAP (programme anti- pénurie). A l'époque, il était clair que le PAP devait compenser l'inconfort matériel des populations et ne véhiculait pas l'espoir de constituer un facteur de développement, bien que des intentions étatiques existaient déjà, à savoir entamer des réformes qui devaient ouvrir l'Algérie sur le monde et ouvrir le monde sur l'Algérie.