Valeur n Pour nos collectionneurs, les véhicules anciens font partie du patrimoine national. Il est impératif donc de les préserver comme des bijoux qu'on ne doit pas mettre n'importe où. «Pour moi, le fait de collectionner ce genre d'automobile est avant tout une passion. Ensuite une façon de préserver un legs laissé par nos parents. Pourquoi une passion ? Parce que tout simplement je suis né dans une famille de collectionneurs et de pilotes de courses. Je suis resté tout le temps branché à ce milieu qui m'a tellement fasciné. Ma famille avait une R8 Gordini et par la suite plein d'autres voitures et ce fut là le coup de foudre, le commencement de l'aventure», c'est ainsi que Cherfi Mohamed a commencé à relater son histoire d'amour avec une passion dont il n'est pas près de se départir en dépit des mille et une obligations familiales et professionnelles. Cet infatigable adepte du bricolage et du système D dit avoir tout le temps quelque chose à faire : un joint à placer, un boulon à desserrer, une partie de la tôle à repeindre, un stop à réparer, un maillon à dénicher. «C'est comme une aquarelle, on met une touche et on s'arrête pour voir de loin si c'est beau ou s'il va falloir repasser le pinceau», aime-t-il déclarer et d'ajouter : «A cette époque-là, tout le monde savait que la DS tenait bien la route et que la 403 roulait à 150 km/h. C'est en ayant la certitude que les véhicules anciens avaient assez de robustesse que ceux qu'on appelle aujourd'hui des collectionneurs avaient compris alors qu'ils détenaient de véritables bijoux.» Pour lui, c'est en raison de cette «prophétie clairvoyante» que beaucoup d'amateurs ont choisi de continuer l'aventure alors que d'autres ont carrément changé de vocation, découragés peut-être par une témérité qui leur faisait défaut. Ceux qui, au fil du temps, devenaient mordus, se rendaient vite à l'évidence qu'il ne s'agissait pas d'aventure mais bel et bien d'une passion, voire d'un rêve. «Maintenant, c'est devenu plus qu'une passion. Aujourd'hui, si je fais des rêves, je rêve tout le temps de vieilles voitures», nous dit-il fièrement. Mais la c'est loin d'être une sinécure. Pour tout collectionneur, la chose la plus importante c'est le fait de restaurer, chaque jour, un véhicule, qu'il pleuve ou qu'il vente. «Le retaper complètement pour le remettre à neuf est un véritable défi. Et c'est lorsque tu fais d'une épave un véritable bolide que tu sauras par la suite que tes efforts n'ont pas été vains», ajoutera-t-il. Mais comment faire pour dénicher un véhicule ancien ? Comment connaître ensuite sa véritable valeur ? Autant, oserions-nous dire, chercher une aiguille dans une botte de foin… Pourtant la réponse est toute simple : «A force de faire un long chemin dans cette passion, on devient par la force des choses connaisseur. Exactement comme l'histoire du forgeron. Pour nous, les buissons c'est un enfer, pour lui c'est le paradis», avise-t-il en fin connaisseur.