Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le Mois du patrimoine s'est clôturé il y a une semaine. Les citoyens à Constantine semblent avoir été gâtés par la tenue de cette manifestation annuelle dont le riche programme aura été suivi différemment. Il y avait une volonté commune chez les organisateurs de sensibiliser les gens à la protection des richesses patrimoniales. Au palais, au musée, à Tiddis… les Constantinois se rendaient compte de la richesse que recèle leur cité ancienne de quelque 2 500 ans. Point de recommandations pour l'heure en vue de valoriser ce patrimoine matériel ou immatériel. Seule satisfaction : il y aurait eu ce fameux déclic, comme un début d'intérêt au sein de la société civile. La direction de la wilaya de la culture a d'ailleurs tiré un satisfecit au terme de ce Mois du patrimoine. «Les citoyens se sont montrés intéressés, motivés et soucieux de la préservation indéfectible de ces acquis matériels et immatériels que recèle la ville des Ponts», affirmera le directeur de la culture, M. Foughali. Un tel constat émanant du responsable du secteur au niveau de la wilaya ne peut que mettre du baume au cœur de tous ceux qui militent, bataillent et/ou plaident pour la préservation de notre patrimoine et notre histoire. «On a senti un déclic chez les citoyens qui n'ont cessé de sillonner les différents stands d'exposition et autres colloques organisés à cette occasion [le mois du patrimoine, NDLR]. Cela vient confirmer que la population se rend compte de la valeur et de l'importance du patrimoine et c'est tant mieux», renchérit M. Foughali. Sur un autre plan, le responsable ne manquera pas de faire appel à la société civile à laquelle il demandera de s'impliquer concrètement pour redonner à la ville de Constantine et à sa région leur identité. «Le citoyen doit nous aider pour collectionner le patrimoine sous toutes ses formes. Pour ce faire, la direction de la culture reste ouverte à toute proposition ou nouveauté en la matière», dira-t-il. Dans la même lignée, le directeur affirme son soutien aux associations qui, contre vents et marées, se sont démenées pour sauvegarder et promouvoir ces empreintes du passé. A ce propos, M. Foughali précisera que, «si le capital notamment matériel existe, c'est en grande partie grâce aux associations locales qui y veillent sans relâche. Pour exemple, je citerai les Amis du musée Cirta et du palais du Bey sans oublier l'Association de Mila». Afin de les aider et les encourager à poursuivre leur travail et à intensifier leurs actions, le responsable a affirmé avoir présenté leur dossier au ministère pour les faire bénéficier d'éventuelles subventions. Car, même si ces associations sont engagées de manière tout à fait bénévole, des encouragements ne peuvent qu'être les bienvenus. Après tout, ces associations font un travail d'intérêt public, complémentaire de celui que font les institutions étatiques. Aussi la direction de la culture a-t-elle jugé utile de doter ces associations de moyens dans l'intérêt de protéger le patrimoine.Du côté du musée Cirta, c'est la même satisfaction qui s'affiche. «Cette année, on a reçu beaucoup de visiteurs étrangers au musée Cirta lors de cette manifestation. En plus des habitués, il y a eu beaucoup de visiteurs qui transitaient par la ville et qui sont venus découvrir ce joyau avec toutes ses richesses», s'est félicité un cadre au niveau de l'édifice, sans cependant avancer le nombre exact ou a fortiori établir une comparaison entre le nombre de visites de l'année dernière et celui de l'année en cours. «Il faut dissocier entre les visiteurs potentiels à longueur d'année, principalement les élèves des établissements, et les visiteurs occasionnels qui sont curieux en ce Mois du patrimoine. Pour l'heure, on n'a pas encore établi les statistiques», dira-t-il en mettant toutefois en relief la motivation de la population quant à la protection du patrimoine. «On a senti une grande implication chez les citoyens. Le musée qui leur a exposé tout l'itinéraire historique de Constantine a ajouté une touche supplémentaire. C'est de bon augure», ajoutera-t-il. En ce qui concerne les recommandations qui auraient sanctionné cette manifestation, rien n'est dit pour l'heure, si recommandations il y a. A ce sujet, notre interlocuteur dira qu'un «colloque national devait se tenir les 17 et 18 du mois de mai mais il a été reporté à une date ultérieure». Ce report est dû à des contraintes de calendrier. «Ce séminaire devra éclairer la population sur tout ce qui se fait autour des legs. Il viendra conforter les appréciations soulevées lors du Mois du patrimoine», soutient le directeur de la culture.Le Mois du patrimoine a vu également l'ouverture du palais du Bey qui abrite actuellement deux expositions retraçant la période fatimide et l'âge d'or des sciences musulmanes. La deuxième exposition, rappelle le directeur de la culture, est passée par Alger et Marseille avant d'arriver à Constantine. Ahmed Bey rouvre ses portails même «provisoirement» dès lors que les restaurations se poursuivent, selon le dernier communiqué de la wilaya. Au même chapitre, le théâtre régional, pour rappel, a été classé sur la liste des sites du Patrimoine culturel national par décret ministériel, le 17 mars 2010, conformément à la loi 98-04/1998 portant préservation du patrimoine culturel.Ainsi, un mois durant, la population a revisité sa ville et ses constituants historiques. Il s'agit désormais de maintenir et de renforcer ce lien entre le citoyen et sa culture à longueur d'année, sous peine de retomber dans l'amnésie et le laisser-aller, qui ont déjà fait trop de dégâts.