Résumé de la 1re partie n Le chien de chasse a flairé la présence du cerf dans la maison des deux fillettes. Pourront-elles le protéger... ? Je sens ici une odeur de cerf, dit-il en se tournant vers les petites. Elles firent semblant de ne pas entendre. Alors il se mit à crier : — Je dis que je sens ici une odeur de cerf ! Feignant d'être réveillé en sursaut, le chat se dressa sur ses pattes, regarda le chien d'un air étonné et lui dit : — Qu'est-ce que vous faites ici ? En voilà des façons de venir renifler à la porte des gens ! Faites-moi donc le plaisir de décamper. Les petites s'étaient levées et s'approchaient du chien en baissant la tête. Marinette avait pris le poussin dans ses deux mains et lui, d'être ainsi ballotté, finit par se réveiller pour de bon. Il tendait le cou de côté et d'autre, essayant de voir par-dessus les deux mains, et ne comprenait pas bien où il était. Le chien regarda sévèrement les petites et leur dit en montrant le chat : — Vous avez entendu de quel ton il me parle ? Je devrais lui casser les reins, mais, à cause de vous, je veux bien n'en rien faire. En retour, vous allez me dire toute la vérité. Allons, avouez-le. Tout à l'heure, vous avez vu arriver un cerf dans la cour. Vous en avez eu pitié et vous l'avez fait entrer dans la maison. — Je vous assure, dit Marinette d'une voix un peu hésitante, il n'y a pas de cerf dans la maison. Elle avait à peine fini de parler que le poussin, se haussant sur ses pattes et penché par-dessus sa main comme à un balcon, s'égosillait à crier : — Mais si ! voyons ! mais si ! La petite ne se rappelle pas, mais moi je me rappelle très bien ! Elle a fait entrer un cerf dans la maison, oui, oui, un cerf ! une grande bête avec plusieurs cornes. Ah ! ah ! heureusement que j'ai de la mémoire, moi ! Et il se rengorgeait en faisant mousser son duvet. Le chat aurait voulu pouvoir le manger. — J'en étais sûr, dit le chien aux deux petites. Mon flair ne me trompe jamais. Quand je disais que le cerf se trouvait dans la maison, c'était pour moi comme si je voyais. Allons, soyez raisonnables et faites-le sortir. Songez que cette bête ne vous appartient pas. Si mon maître apprenait ce qui s'est passé, il viendrait sûrement trouver vos parents. Ne vous entêtez pas. Les petites ne bougeaient pas. Elles commencèrent par renifler, puis, les larmes venant dans les yeux, elles se mirent à sangloter. Alors le chien parut tout ennuyé. Il les regardait pleurer et, baissant la tête, fixait ses pattes d'un air pensif. A la fin, il toucha le mollet de Delphine avec son nez et dit en soupirant : — C'est drôle, je ne peux pas voir pleurer des petites. Ecoutez, je ne veux pas être méchant. Après tout, le cerf ne m'a rien fait. D'un autre côté, bien sûr, le gibier est le gibier et je devrais faire mon métier. Mais, pour une fois... Tenez, je veux bien ne m'être aperçu de rien. Delphine et Marinette, toutes souriantes déjà, s'apprêtaient à le remercier, mais il se déroba et, l'oreille tendue à des aboiements qui semblaient venir de la lisière du bois, dit en hochant la tête : — Ne vous réjouissez pas. J'ai bien peur que vos larmes aient été inutiles et qu'il ne vous faille en verser d'autres tout à l'heure. J'entends aboyer mes compagnons de meute. Ils auront bien sûr retrouvé la trace du cerf et vous n'allez pas tarder à les voir apparaître. Que leur direz-vous ? Il ne faut pas compter les attendrir. J'aime autant vous prévenir, ils ne connaissent que le service. Tant que vous n'aurez pas lâché le cerf, ils ne quitteront pas la maison. (à suivre...)