Résumé de la 9e partie n Le cerfse rend à l'évidence, il n'est pas fait pour un travail de ferme. Il veut retourner dans les bois, retrouver sa liberté et ce, même au risque de se faire tuer. Comme il refusait de tirer la voiture, les parents lui donnèrent encore deux coups de bâton et, sur nouveau refus, trois coups. Enfin, il se décida et les parents triomphèrent. En arrivant au champ où ils devaient planter des pommes de terre, ils déchargèrent le sac de semences et, dételant les bêtes, les mirent à paître sur le bord du chemin. La leçon des coups de bâton semblait avoir été profitable, car le cerf se montrait docile. Mais les parents avaient à peine commencé de planter qu'il disait au bœuf : — Cette fois, je pars et pour toujours. N'essaie pas de me retenir, tu perdrais ton temps. — Bon, fit le bœuf. Alors je pars aussi. Tu m'as tant parlé de la vie des bois que j'ai hâte de la connaître. Décampons. Pendant que les parents tournaient le dos, ils gagnèrent un rideau de pommiers en fleurs et, de là, un chemin creux qui les conduisit droit aux bois. Tout heureux, le bœuf trottait en dansant et en chantonnant une chanson que lui avaient apprise les petites. Sa nouvelle vie lui semblait aussi belle qu'il avait pu l'imaginer depuis l'écurie. A peine entré dans la forêt, il commençait à déchanter. Il avait du mal à suivre le cerf à travers les taillis. Sa carrure le gênait beaucoup et ses longues cornes, plantées horizontalement, l'arrêtaient à chaque instant. Il songeait avec inquiétude qu'il ne pourrait jamais, en cas de danger, prendre sa course à travers les bois. Cependant, le cerf s'engageait sur un terrain marécageux où il marchait si légèrement qu'on y voyait à peine la trace de ses pieds. Le bœuf n'y avait pas fait trois pas qu'il enfonçait jusqu'aux genoux. Lorsque après bien des efforts il se fut tiré de là, il dit à son compagnon : — Décidément, la forêt ne me convient pas. Il vaut mieux pour moi ne pas m'entêter et pour toi aussi. Je retourne sur la plaine. Le cerf n'essaya pas de le retenir et l'accompagna jusqu'au bord de la forêt. Très loin, il aperçut les petites qui faisaient deux taches blondes dans la cour de la ferme et dit en les montrant au bœuf : — Je n'aurais peut-être jamais eu le courage de les quitter si leurs parents ne m'avaient pas frappé. Elles et toi et toutes les bêtes de là-bas, vous allez bien me manquer... Après de longs adieux, ils se séparèrent et le bœuf regagna son champ de pommes de terre. En apprenant la fuite du cerf, les parents regrettèrent les coups de bâton. Il leur fallut acheter un autre bœuf qui leur coûta les yeux de la tête, mais c'était bien fait. Les petites ne voulaient pas croire que leur ami le cerf fût parti pour toujours. — Il reviendra, disaient-elles, il ne pourra pas toujours se passer de nous. Mais les semaines passèrent et le cerf ne revenait pas. Elles soupiraient en regardant du côté du bois : — Il nous a oubliées. Il joue avec les lapins et les écureuils et il nous a oubliées. (à suivre...)